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Les billets du Père Lucien Marguet
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29 décembre 2022

Noël 2022

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Soyez tous et toutes les bienvenus dans cette église pour cette messe de Noël. Vous qui êtes arrivés de loin pour fêter en famille ici en Ardennes, grands-parents, parents, enfants, jeunes, étudiants, au milieu de ce monde qui traverse parfois des moments difficiles, voire parfois dramatiques, comment ne pas confier à Dieu Créateur et Sauveur nos souffrances, mais aussi nos désirs et nos aspirations, nos souhaits de justice, de liberté et de Paix pour nous, nos familles et les pays du Monde.

Que de ce moment de prière, de lumière et de fraternité nous ressortions plus sereins et plus confiants, ayant fait le plein de l'Espérance dont notre vie a quotidiennement besoin.

Nos frères et sœurs de l’Eglise orthodoxe ont décidé de célébrer la Nativité le même jour que les catholiques du monde entier, alors qu’ils avaient la coutume de fêter Noël le même jour que l’Epiphanie. L’occasion pour nous de prier ce soir en communion avec eux, pour la Paix fondée sur la liberté et la justice.

 

 Homélie

 Quand les branches d'arbres bougent, je reconnais l'action du vent. Quand je vois des gens s'aimer, je reconnais Dieu. Oui ! Si vous voulez voir Dieu, contemplez-le dans l'Amour vécu autour de vous et en vous. Non pas l'amour qui prend, mais celui qui donne. Non pas l'amour qui rétrécit, mais celui qui élargit. L'amour inconditionnel, généreux et durable. Car partout où se vit l'amour Dieu est reconnaissable et identifiable. 

Ces jeunes parents penchés vers bébé dont la naissance dilate leur amour conjugal. Cette famille où règnent le respect de chacun pour chacun, l'acceptation et l'affection. Cette famille recomposée encore sous le choc d'un échec, mais tellement désireuse de réussir à aimer vraiment et tout le temps. 

Oui, Dieu est à la source de tout amour. Dieu s'aperçoit dans tout amour humain. Dans l'amitié joyeuse et fraternelle des enfants et des jeunes. Dans le courage et la ténacité des travailleurs. Dans la curiosité de ces savants et de ces chercheurs passionnés de connaître et de comprendre. Dans la tâche, honorée à longueur d'année et à travers les diverses saisons, des éleveurs et des agriculteurs. 

Dieu dont l'identité se définit par l'Amour, comment ne pas le reconnaître aussi dans ces jeunes fondant leur foyer ? Dans ces enseignants passionnés par leur profession de transmission et d'éducation. Et dans toutes ces personnes dont le métier est de soigner, de soulager et de remettre sur pied… Dieu dans l'amour traduit en solidarité et décliné en tant de services du prochain et du lointain. Aimer en consolant, en réparant, en restaurant les corps, les cœurs et les âmes blessés. 

Bien sûr le monde nous apparaît parfois sombre et même obscur, mesquin et même méchant. Dieu le sait, qui veut, en envoyant Jésus partager nos peurs et éprouver nos souffrances, nous faire croire en la vie et l'Amour, et ainsi nous ravitailler d'Espérance. Oui ! L'existence vaut vraiment le coup d'être accueillie comme un don que Dieu nous confie de transformer en Amour. Les sapins, les crèches, les chants, ce jour de naissance de Jésus sur terre, nous invitent à la joie de se savoir aimés du Créateur de l'univers et conviés à vivre d'Amour en retour. 

Non à la violence, non à la peur, non aux leurres trompeurs. Saint Paul dira, dans son Hymne à l'Amour, que rien n'est plus grand ni inaltérable que d'Aimer. Saint Jean, le très-proche de Jésus, écrira que celui qui aime sa vie durant dans les petites et les grandes choses ne meurt jamais. Car aimer, c'est dès maintenant demeurer en Dieu qui n'est qu'Amour et vie éternelle. Ô Dieu créateur, si grand… qui vous a fait en Jésus si petit ? C'est l'amour, rien que l'amour… (St Jean de la Croix) 

Quelqu'un m'a raconté un jour une anecdote à propos de la crèche que montait chaque année sa famille.

Chaque année, on ressortait du placard les décorations de Noël ainsi que tous les personnages en plâtre de la Nativité. Cette année-là, un des bergers avait été endommagé par son long séjour en boîte. Sa jambe était cassée et, par malheur, il fallait que ce soit le berger préféré du petit garçon. Vous savez, c'est le berger qui porte un agneau sur ses épaules… Il en faut au moins un dans toutes les crèches qui se respectent.

Le petit garçon était bien triste. Il lui était impossible de recoller la jambe cassée du berger qui ne pouvait pas tenir sur une seule jambe. Que faire ? Le petit garçon n'en avait pas vu de pareil au magasin.

Sa mère, qui avait l'esprit pratique et une plus longue expérience que son fils, lui dit : "Essaie d'appuyer ton berger sur le berceau du petit Jésus, peut-être qu'il pourra ainsi tenir". Le jeune garçon essaya et revint en courant vers sa mère en disant : "Maman, ça marche, mon berger tient bien !"

La maman ajouta alors : "Tu vois, pour nous c'est pareil, on ne tient bien que si l'on s'appuie sur Jésus"…

 

Aujourd'hui et demain, c'est en tout cœur humain que Jésus veut crécher… C'est dans ma vie, dans votre vie, que Dieu peut être accueilli… Comme le disait Maitre Eckart dans un de ses sermons : "A quoi cette naissance me sert-elle si elle ne se produit pas en moi ? Qu'elle se produise en moi, c'est cela qui importe"… Oui, la crèche préférée de Jésus, c'est le cœur humain de tout habitant de la terre et de l'Histoire. 

A Noël, nous célébrons une naissance qui nous invite à la reconnaissance. Or un enfant qui naît, c’est un chemin de vie qui s’ouvre à tous les possibles et qui ravive en nous l’espérance du préférable et même du meilleur… 

Comme le chantait Odette Vercruysse,

"c'est Noël chaque fois qu'on essuie une larme dans les yeux d'un enfant,

c'est Noël chaque fois qu'on dépose les armes et qu'on s'entend,

c'est Noël chaque fois qu'on arrête une guerre et qu'on ouvre les mains,

c'est Noël chaque fois qu'on force la misère à reculer plus loin.

C'est Noël sur la terre chaque jour, car Noël, mon frère, c'est l'Amour." 

Amen.

 

 

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