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Les billets du Père Lucien Marguet
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3 février 2023

Souvenir ému du Père François Mangeart

 

Le Père François Mangeart avait 87 ans lorsqu’il a quitté cette terre après une vie de prêtre toute donnée à Dieu à travers un service pastoral disponible et fidèle. Je souhaite évoquer quelques souvenirs des liens que j’entretenais avec lui. 

Alors que j’étais jeune prêtre nommé à Nouzonville auprès du Père Henri Flamion, François m’a initié à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne dont il était l’aumônier pour les Ardennes. Il résidait au Centre social place Winston Churchill à Charleville. Je succédais au Père Sabattier, prêtre du Prado, mort subitement alors qu’il préparait un rassemblement de la Jeunesse Ouvrière pour les Ardennes. François était patient avec les jeunes prêtres que nous étions, et il n’hésitait jamais à nous bousculer. Ainsi j’avais pris l’initiative de former un groupe biblique car je pensais, déjà, qu’être chrétien demandait une bonne connaissance des textes pour se forger de solides raisons de croire en Jésus. Tout en ayant, lui, effectué de solides études de théologie et d’Ecriture sainte à l’Institut Catholique de Paris (où il a côtoyé le Père Christian De Chergé, martyr à Thibirine), François me recommandait de me consacrer d’abord à l’Action Catholique. Le parcours de sa vie témoigne de ses brillantes compétences dans le domaine biblique qu’il savait si bien transformer en service pastoral. 

J’ai beaucoup appris de François et des mouvements d’Action Catholique dont il était l’un des aumôniers mandatés et reconnus à Reims sur le secteur paroissial St-Jean-Baptiste où il a habité et celui de Croix-Rouge où il résidait dans le presbytère près de l’église St-Louis. Quand j’étais vicaire général, je me souviens avoir fondé avec lui un groupe interreligieux auquel ont participé le rabbin Haïm Khorsia - devenu aujourd’hui Grand Rabbin de France -, un pasteur protestant et l’imam de la mosquée locale. 

François était un intellectuel, grand amateur de lectures d’ouvrages « savants », mais il n’exprimait ses larges connaissances qu’avec une modestie et une humilité qui valorisaient toujours celles de ses interlocuteurs. Il a été un artisan fidèle et avisé de la formation permanente proposée dans le diocèse. Il a piloté nombre de livrets proposés d’année en année pour nourrir les équipes de partage biblique. Il avait à cœur de transmettre les messages délivrés dans la Parole de Dieu et d’en montrer la pertinente actualité dans l’aujourd’hui du Monde. 

Enfin, j’ai eu la joie durant plusieurs années d’habiter avec lui au presbytère de St-Rémi-les-Monts, rue de Clèves, lorsque j’étais curé de cette paroisse. François a ensuite été nommé sur le quartier de La Houillère où il résidait. J’ai eu la joie de le revoir quelques mois avant sa mort dans son appartement dont les murs étaient couverts de livres. Il se montrait résigné. 

Ce billet n’est pour moi qu’une façon de le remercier pour son amitié toujours fraternelle et enrichissante dont il m’a fait bénéficier parmi tant d’autres. Je trouve tellement admirable cette vie donnée entièrement aux autres avec la discrétion du semeur qui n’a jamais cessé de jeter les graines de vie dans les terrains humains. 

Merci, François, tu vas retrouver tant d’amis, de proches, qui ont eu la chance de te côtoyer et de s’enrichir sur le double plan humain et évangélique. Maintenant tu sais et tu vois, tu contemples. Et tu n’as plus besoin des livres qui attendent paisiblement d’autres lecteurs. Sincèrement merci à toi.

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