5ème Dimanche de Pâques

28 avril 2024

Actes 9 ^26-31 - 1^ère de Jean ^18-24 - Jean 15 ^1-8

Dimanche dernier, nous avons parlé de notre foi en Jésus-Christ, Dieu fait homme venu nous sauver, en train de nous sauver aujourd'hui, et du témoignage de nos contemporains sur Jésus-Christ. L'évangile d'aujourd'hui sur la Vigne et les sarments m'inspire de vous parler de l'Eglise. La foi en Jésus-Christ fait-elle de nous des gens à part du monde, des gens d'Eglise ? Qu'est-ce qui nous distingue, qu'est-ce qui nous unit ? Qu'est-ce que l'Eglise ? Faut-il être dans l'Eglise pour être sauvés ?

La vigne, c'est Jésus-Christ. C'est Lui qui nourrit, c'est Lui qui donne la vie comme la vigne distribue la sève aux sarments. Sans Jésus-Christ, donc, on ne peut vivre la Justice, l'Amour et la Paix. "Le sarment ne peut porter de fruit par lui-même s'il ne demeure sur la vigne..." "Celui qui demeure en moi et en qui je demeure", dit le Seigneur, "celui-là donne beaucoup de fruit, car en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire..."

Or saint Jean, dans son épître, nous dit : "Nous devons aimer non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité... En agissant ainsi, nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité... Voici son commandement : avoir foi en son fils Jésus-Christ et nous aimer les uns les autres." Alors si nous regardons notre vie, il nous est facile de voir si elle porte ces fruits de la charité, de la Justice, de la Paix, de la Vérité, qui sont signes de notre rattachement à la Vigne, au Christ. C'est à nous que revient de montrer par notre vie le lien entre notre manière de vivre et notre foi. Etre d'Eglise, c'est aimer en actes et en vérité et être en union aussi avec tous les croyants et en Jésus-Christ.

Mais tous ces gens qui portent des fruits de la vigne (du Christ) et qui n'ont pas la Foi ? Ils ne sont pas d'Eglise, mais sont du Christ. Ils sont rattachés sans le savoir à la Vigne. Ils se nourrissent à la Vigne du Saint Esprit répandu en leur cœur selon qu'ils acceptent de s'ouvrir aux autres ou non. Nous devons nous sentir en communion profonde avec toutes ces personnes, ces Peuples entiers de bonne volonté qui se dépensent pour leurs frères, qui sincèrement ont soif de Vérité. Ils n'ont pas la joie et la force qui en découle de connaître le Christ, et là est la mission de l'Eglise, c'est-à-dire nous tous.

L'Eglise n'a pas pour mission de retirer les disciples du Christ hors du monde et d'en faire un monde à part comme on trie les bonnes pommes des mauvaises. Car il n'y a pas des bons et des mauvais, mais du bon et du mauvais en chaque cœur. L'Eglise a pour mission de faire réussir le monde en Jésus-Christ. C'est le levain dans la pâte qui a pour mission de faire de toute la pâte du bon pain. C'est la vigne car l'Eglise c'est Jésus-Christ qui nourrit tous les sarments qui veulent bien de sa vie. Et l'Esprit du Christ est répandu dans le monde par l'Eglise, mais encore une fois bien au-delà de l'Eglise visible. L'Eglise est au service du monde sans être du monde, mais elle ne remplit sa mission que lorsqu'elle répond aux appels des hommes, y compris et déjà les plus petits, les plus démunis, les moins entendus et moins regardés, lorsqu'elle scrute leurs espoirs et crie de leurs cris, pleure de leurs pleurs, prie de leurs prières, cherche la Vérité et la Justice avec eux. L'Eglise s'émerveille devant le Christ au cœur des travailleurs, des scientifiques, de la mère de famille, des jeunes. L'Eglise montre Jésus comme Jean-Baptiste le montrait à ses contemporains : "Voici Jésus". Elle contemple le Christ à l'œuvre dans les hommes. Elle rassemble les "croyants" au Christ pour le célébrer dans la messe et le vivre mieux dans la vie.

L'Eglise n'est donc pas d'abord une société, mais une communion de "croyants" et "d'aimants" décidés à croire et à aimer davantage en servant. Voilà le signe qui les rassemble au-delà de tout, c'est leur charité non pas en paroles et en discours, mais en vérité.

Alors les "vivants du Christ", ce n'est donc pas seulement ceux qui le connaissent, mais aussi tous ceux répandus par le monde qui vivent de la force de son Esprit en eux, qui eux aussi font partie de la vigne dont ils sont les sarments. Le Christ n'aime pas être enfermé dans nos esprits étroits, souvent il veut aller au large. Il a hâte de vivre dans le cœur des humains qui un jour peut-être, et cela dépend en partie des "chrétiens", le reconnaîtront parce qu'ils auront vu en nous ce qu'ils recherchaient de vivre depuis toujours.

Frères, demandons au Seigneur de ne pas trahir son nom par le peu de foi et d'amour dans nos vies.

Le Christ est immense comme l'espace intersidéral, et jamais nous ne pourrons prétendre avoir tout fait pour l'accueillir dans nos vies et nous laisser transformer, révolutionner, par lui.

Amen.