Rester en tenue de service…

La diffusion, la transmission du coronavirus sur tous les continents d’une façon aussi rapide est due à son extrême performance à contaminer. Sa virulence est d’autant plus destructrice que la personne que ce virus atteint est déjà fragilisée par des fatigues dues à l’âge avancé ou des pathologies diverses. Ce n’est pas le hasard si l’on nous a recommandé de barrer la route à ce virus sournois en suspendant pour une longue durée tout contact tactile. En se tenant à distance les uns des autres, en restant chez soi, l’on contribue à casser la marche sournoise de l’extension virale. Pour autant, loin d’être un repli sur soi, cette pandémie développe une ouverture admirable sur la vie d’autrui, ses souffrances, ses deuils, mais aussi la générosité et la solidarité, l’élan de solidarité et l’esprit de service, les dépassements de soi qu’elle suscite ici et là-bas !

Non ! Ce virus n’est pas une invention de Dieu pour nous faire peur et réaffirmer sa « présidence » sur l’univers, alors même que l’homme « moderne » donne souvent toutes les apparences de l’avoir durablement oublié. Certes ce virus a une origine. Elle nous sera, un jour, expliquée. Par contre, je crois que cette traversée difficile nous appelle à réfléchir et, à la lumière des messages que nous aurons captés, qu’elle nous conduira à recaler notre vie personnelle et nos « vivre ensemble ». J’en conclus dès à présent, que ce temps détestable peut comporter des aspects aimables si nous parvenons chacun(e) à en tirer des leçons positives pour guérir notre « humanité » que nous avons tous et toutes, conjointement, en responsabilité. La mondialisation globale qui avait surtout des appuis et des visées économiques n’est-elle pas convoquée à devenir plus écologique et humanitaire, réellement ?

Les chrétiens du monde entier font mémoire, en cette Semaine Sainte, des souffrances physiques et morales du Christ, de sa mort en croix et de sa Résurrection. Depuis cet évènement le Christ est prié par les croyants comme le Sauveur. Or Jésus n’est pas venu seulement nous sauver. Il nous donne le goût et les capacités de contribuer, de prendre notre part au salut de la vie de nos frères et sœurs en humanité, proches ou éloignés. Notre vocation n’est donc pas seulement d’être sauvés par Jésus, mais de lui offrir nos charismes, nos capacités, notre temps et notre énergie pour coopérer au salut des hommes. Cet épisode actuel et compliqué de notre histoire nous en donne des occasions multiples, sans compter toutes les initiatives créatrices et régénératrices dont nous serons les auteurs, les acteurs et les mobilisateurs à l’avenir.

On nous dit que le matériau génétique de ce virus a besoin des cellules d’un être humain pour devenir Covid-19. Comment ne pas souhaiter que la foi chrétienne soit aussi contagieuse et virulente que cet intrus envahisseur qui s’installe et s’impose. Cependant la foi chrétienne, elle, se propose et prévient de son arrivée, avant d’entrer par la porte de la liberté de qui l’accueille et dont elle fait un croyant. Immense différence par-delà l’apparence !

La liberté et la responsabilité dont le Créateur nous a dotés demeureront toujours la clé de voûte de notre dignité humaine.