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Les billets du Père Lucien Marguet
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23 décembre 2020

Noël 2020

 

On entend dire ici et là, y compris par des évêques, que le christianisme a disparu du paysage national. Or je pense exactement l’inverse.

Certes les autorités religieuses catholiques doivent se contenter d’attendre leur tour pour être reçues et écoutées dans les allées des pouvoirs. Elles n’ont plus pignon sur rue, si tant est qu’elles l’aient jamais eu ! Mais à la racine et à la source de nos institutions civiles, des lois et des normes auxquelles notre Pays se réfère collectivement, ne peut-on percevoir des empreintes significatives du christianisme ? L’humanisme déployé en notre démocratie républicaine ne porte-t-il pas la marque de l’Evangile de vie incarné par Jésus-Christ ?

Nombre d’organisations mondiales où se traitent les grandes affaires de l’humanité au cours de rencontres multilatérales, de négociations et de concertations, où se prennent des orientations et des décisions de nature globale et universelle, démontrent que l’humanité a progressé depuis les instincts primaires de ses premiers pas sur Terre. Certes beaucoup de chemin reste à parcourir pour parvenir à une fraternité universelle réelle. Mais qui aurait imaginé, au cours des guerres qui nous voyaient nous entretuer entre l’Allemagne et la France, qu’un jour des hôpitaux d’outre-Rhin accueilleraient des malades de nos villes et villages ? Que l’Europe mettrait en commun ses dépenses gigantesques dues à la pandémie virale ? Peu à peu, en bien des domaines, la Charte Universelle des Droits de l’Homme s’impose en toute région du Monde. Et quand bien même trop de gens et de peuples ne les pratiquent pas encore, ils font figure de normes pour tous. Qui aurait pu prévoir cette concertation de près de 200 états qui se sont engagés à améliorer leur comportement collectif à l’égard de la Nature et des vivants ?

Aussi, Noël, c’est contempler tout ce qu’a déjà apporté Jésus en venant partager notre condition humaine et ainsi nous révéler à quels égards notre dignité humaine nous donne droit. A nous qui sommes créés à l’image de Dieu, Jésus est venu faire mieux connaître notre origine et notre destination divines. Nous avons vocation à nous reconnaître enfants du même Père et à en vivre réellement dans nos relations interpersonnelles, sociales, familiales, internationales, et bien sûr ecclésiales. Nos façons humaines d’être libres, vrais, justes, droits, de travailler, de créer, d’aimer, seront marquées et inspirées par ce que nous savons de l’humanité de Jésus déployée durant ses 33 ans de vie terrestre, que l’Eglise s’efforce de diffuser depuis vingt siècles à travers ce qu’elle appelle « l’évangélisation ».

Or cet Esprit chrétien affleure souvent à travers le bien, le bon, le beau pratiqués ici et là dans les choix, les paroles et les actes de tant de gens de bonne volonté et animés des meilleures intentions. Noël, c’est contempler Jésus à travers tout ce que sa « venue » a déjà transformé. C’est aussi mesurer tout ce qui reste à améliorer et faire progresser dans ce monde présent et à venir en l’homme, dans l’histoire des peuples, dans leur rapport à la création. Noël, c’est Jésus qui est venu, regardons tout ce qu’il a déjà apporté ; Noël, c’est en même temps Jésus qui vient aujourd’hui et viendra encore là où nous le prions de venir encore plus : dans le cœur de chacun et chacune, dans nos familles, nos écoles, en un mot dans tous nos rapports humains…

Personnellement, je souhaiterais pour notre terre actuelle qu’il y ait moins de violences – physiques, verbales -, de menaces, de dérision, de calomnies, plus de respect à l’égard de la dignité de tous, de bienveillance et de confiance, incluant la lucidité et la sincérité. Un fort courant séculier vient nous imposer l’idée que le Monde peut bien vivre sans Dieu. Que nos sociétés renoncent à effacer de nos mémoires et de nos cœurs le nom même de Celui qui nous a donné la vie, notre vocation et notre mission, en remettant en nos mains le soin de la vie sur terre.

 Merci à Jésus, aux chrétiens, d’avoir inauguré de nombreux chantiers de paix, de fraternité, mais il reste encore tant et tant à faire sur terre. Noël chaque année nous rappelle que nous sommes tous et toutes, chacun et chacune, embauchés dans ce vaste champ qu’est l’Humanité…

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