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Les billets du Père Lucien Marguet
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17 avril 2021

« Ces chênes qu'on abat » destinés à Notre-Dame de Paris

 

Mille cent chênes, soit 3000 m3 de bois, sont fournis par la filière professionnelle française du bois pour la charpente de la flèche, des travées adjacentes du transept de Notre-Dame. Cette opération fait appel au bénévolat des experts et des techniciens forestiers et aux dons des propriétaires. La France est le premier producteur de chênes en Europe. L’ensemble de la chênerie française compte 1,3 milliards d’individus dont 90 millions avec un tronc d’au moins 50 cm de diamètre. C’est dans cette catégorie que sont sélectionnés les chênes pour Notre-Dame. Quel honneur pour ceux qui auront été choisis pour redonner à la cathédrale de Paris son intégrale identité qui faisait sa majesté !

Ils se dressaient au cœur de plusieurs forêts de notre pays et s’élevaient sans bruit, ressemblant à tous les autres arbres de la même espèce, quand des experts forestiers, sur la demande des architectes chargés de la restauration de Notre-Dame de Paris, les ont remarqués et désignés pour devenir éléments de la charpente nouvelle de la cathédrale incendiée. Destinés à être abattus, débités et transformés en meubles divers, ces chênes sélectionnés vont dominer les toits de la capitale en devenant ensemble "charpente" de ce site prestigieux et emblématique !

Ces chênes jusqu'alors dans l'ombre des forêts vont désormais recevoir leur nouvelle mission de protéger non seulement un édifice religieux, mais aussi les visiteurs nombreux accourus du monde entier et des croyants heureux de s'y agenouiller pour contempler et prier... Dans une époque si sensible à l'écologie et aux rapports humains avec la nature, comment ne pas voir dans ce choix de restaurer le toit de Notre-Dame à l'identique  une gratitude pour le passé en y associant le bois robuste et noble que sont les chênes ? Ce projet d'ordre technique fait, semble-t-il, l'unanimité chez beaucoup tant il est ressenti comme une décision naturelle et sage, signe de fidélité aux concepteurs de cet imposant et magnifique édifice.

Or il m'apparaît que ce choix de reconstruction est plus que matériel : il revêt un caractère symbolique et même spirituel. Jamais ces chênes poussant dans l'anonymat n'avaient imaginé qu'un jour ils auraient la magnifique et redoutable mission de s'associer à d'autres arbres pour constituer "la forêt", comme on appelle la charpente soutenant le toit de plomb de Notre-Dame.

Cette image d'arbres transformés en poutres me fait même penser à une forme de résurrection. Ce que nos corps auront permis de transporter, d'augmenter, d'initier de bien, de bon, de juste, de meilleur, a vocation non à être anéanti, mais à vivre autrement et à jamais… Ces chênes vont continuer à « vivre et servir » tout en étant extraits de leur milieu naturel. Comment ne pas voir dans leur destination une image de celle qui attend tous les humains ? Toute comparaison gardée ! Ces arbres choisis dans plusieurs forêts de notre pays ne vont-ils pas nous rappeler que l'Eglise s’édifie et s’unifie à partir de nos distances et de nos différences qui constituent chacune et chacun ?La noria de corps de métier attelés à cette gigantesque restauration de la cathédrale Notre-Dame appelle tout croyant au devoir de contribuer à  faire vivre l'Eglise locale et universelle. Dans ces chênes qui vont protéger Notre-Dame, j'aperçois la croix de bois sur laquelle est mort Jésus, chemin et passage vers sa vie de ressuscité.

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