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Les billets du Père Lucien Marguet
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15 août 2021

Les Pardons en Bretagne…

 

« Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés »… Cette supplication adressée à Dieu n’est-elle pas tout entière manifestée dans les « pardons » qui se déroulent en Bretagne en certains lieux de culte chaque année ? Dans une époque chamboulée, une société aux relations fragilisées par des courants de pensée contradictoires jusqu’à la tentation de l’intolérance et de la violence, comment ne pas aspirer à des temps plus sereins et apaisés qui passent par des pardons et des réconciliations ?

Sans être l’exclusivité des chrétiens puisque tout le monde en détient la possibilité, le pardon est pourtant l’une des marques privilégiées des disciples de Jésus de Nazareth, lui qui a tant de fois accordé son pardon, y compris à ses proches tel Pierre à qui il demandera, à la suite de ses trois reniements, « Pierre, m’aimes-tu ? ». La pratique du pardon remonte très loin dans la tradition juive. On appelait cela la remise de dette. On remettait les compteurs des griefs et des reproches à zéro. On effaçait l’ardoise. Ce qui permettait de désencombrer le cœur et l’esprit des offensants comme des offensés, et de permettre un renouveau des relations ainsi déparasitées.

Je sais bien que pardonner vraiment est exigeant et parfois difficile. Les désordres et les dérapages verbaux, l’individualisme forcené, l’égoïsme, l’orgueil peuvent avoir laissé des marques durables et profondes. Le pardon accordé et consenti peut toutefois réparer. Aussi nous faut-il en user en puisant dans nos ressources de compassion et de bienveillance, pour les chrétiens à la façon dont nous sommes tous bénéficiaires de l’amour même de Dieu.

Je sais que l’on peut introduire sur le pardon des soupçons de faiblesse, de gentillesse naïve, de manque de caractère chez ceux et celles qui pardonneraient trop facilement. Je sais que certains peuvent considérer cette mansuétude comme une sorte d’encouragement à poursuivre leur attitude de malfaisance : diffusion de rumeurs salissantes, médisances, calomnies. Pourtant, pardonner et se réconcilier, repartir sur de nouvelles bases, c’est se tracer un avenir déjà plus ouvert. Comment ne pas souhaiter à notre époque de s’inspirer davantage, dans ses rapports sociaux, familiaux, conjugaux, de la culture de la rencontre, de la communication ? Qu’en tout lieu et milieu édifier des passerelles et des ponts prévale sur ériger des murs et des donjons.

Il m’est arrivé dans ma vie de prêtre, depuis 52 ans, que des gens avouent n’avoir jamais pu oublier et pardonner des fautes dont ils ont été victimes. Et quand les malfaisants viennent à mourir, le regret de ne s’être jamais rapproché, expliqué et réconcilié, peut venir torturer les esprits. Je disais alors à ces gens pleins de contrition : vous pouvez confier à Dieu la mission de pardonner ceux qui vous ont gravement offensé durant leur vie terrestre, puisque Lui en a le pouvoir, lui qui est Dieu miséricordieux et tout-puissant d’Amour.

Aussi comment ne pas comprendre et approuver les choix que chacune et chacun, dans sa propre existence, peut faire de pardonner, réparer, recoudre les déchirures, retisser les liens, rétablir les communications… plutôt que de constater seulement les dégâts suite aux intempéries…

Merci à vous qui nous rappelez par ces fêtes du Pardon le besoin et même le devoir salutaire de régénérer sans cesse nos liens humains en tout lieu où nos vies se déroulent.

 

 

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