La Nature nous éduque à "la vie"…

J’ai progressivement pris conscience, au cours du déroulement de ma vie, des liens étroits que nous, humains, avons avec la Nature et tous les petits et grands "vivants" qui la constituent. Dans la ferme familiale où j'ai grandi, les contacts étaient quotidiens avec les chevaux de trait, dont certains avaient notre préférence et nous faisaient verser des larmes lorsqu'ils mouraient. Il y avait aussi les poules, les coqs, les canards, les oies bavardes et offensives de la basse-cour, le clapier et ses nombreux lapins d’élevage. Il y avait le troupeau de vaches et leurs veaux, les bœufs et les moutons. Il y avait aussi l'arrivée des hirondelles qui faisaient leurs nids dans l'écurie et leur départ lorsque l'été s'estompait. Bien sûr tous les oiseaux des champs accompagnaient les travaux de labour, de semailles et de récolte. Les animaux dits sauvages n'étaient pas loin : renards, belettes, blaireaux et bien sûr chevreuils et marcassins…

Comme tout enfant de "paysan" j'ai été élevé au milieu de vivants, au contact permanent de la vie. Peut-être que cela m'a donné l'idée d'intéresser les enfants qui m'étaient confiés en colonie de vacances ou camp d’été aux "petites bêtes" qui peuplent la nature ! Que de recherches et de découvertes n'avons-nous pas faites en ces séjours ludiques ! Ces habitants discrets ou bruyants alors que j'étais tout investi du côté de la vie humaine durant mon itinéraire de prêtre, se sont parfois manifestés d'eux-mêmes et quasi imposés à mon regard. Ainsi dans la cour intérieure du presbytère Saint-Remi de Charleville, un couple de tourterelles a élu domicile dans le seul arbuste qui s'y trouvait. Et des œufs y ont éclos malgré les chats de gouttière du quartier.

Outre la forêt d'Argonne et les champs de blé à contempler, je suis dans ma maison de Binarville environné d oiseaux qui virevoltent et gazouillent ! Dans leur diversité ils ont l'air de bien se supporter entre eux y compris dans le partage d'insectes et de vers, qui sont leur nourriture. Certains de ces oiseaux ont beaucoup de caractère. Les pies qui voient des chats s’endormir sur l'herbe en font des cibles préférées. Elles font des piqués sur ces possibles prédateurs pour les effrayer, en tout cas les narguer et déjà avertir la compagnie qu'il y a danger pour tous ! En effet la Nature nous enseigne aussi que toutes les espèces de vivant qu'elle comporte sont souvent rivales et parfois ennemies jusqu'à s'en nourrir !

Dans mes 7 ans passées au Nord-Cameroun, j'ai vécu aussi au milieu d'une faune riche de divers espèces. Bien sûr j'ai parfois eu peur d'être mordu par des vipères au venin redoutable, chargé par des éléphants ou des phacochères chez eux dans les savanes, attaqué par des singes grincheux ou mordu par un scorpion. J'ai ressenti sur la colline de Saint-Walfroy où j'ai passé quatre ans que la Nature est la maison de l’homme, de tout dans l’homme. Ces couples de cigognes, nombreux dans le village de Mairy, semblent heureux d'avoir immigré en Ardennes ! Un couple s'est même distingué en installant son nid en bord de route nationale, sur un pylône électrique, à la peupleraie du village de Fromy ! Leur présence majestueuse et fidèle, le bébé à qui le couple a donné la vie et tous les allers-retours dans les marais pour lui transmettre la nourriture que sa croissance réclame forcent mon admiration. Je me dis même que la Nature nous diffuse des messages de vie !