2ème Dimanche de Pâques - Année B - La Divine Miséricorde

7 avril 2024

Actes 4 ^32-35- 1^ère de Jean 5 ^1-6- Jean 20 ^19-31

La 1^ère lecture en Actes 4 nous rapporte la façon de vivre ensemble et de partager qu'avaient adoptée les premières communautés chrétiennes. "La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne se disait propriétaire de ce qu'il possédait, mais on mettait tout en commun." Comment ne pas souligner, à la lecture des Actes, le lien évident entre le fait de croire en Jésus et l'influence que cette foi induit dans les comportements et la conduite d'une vie ? On entend dire parfois qu'il n'est pas besoin d'être chrétien pour bien agir. Il suffit d'avoir des repères, des normes humaines. Dans une société désacralisée, sécularisée, dans laquelle sont gommés tous les signes religieux, où seule une minorité de gens fréquente les lieux de culte, on en viendrait parfois à penser que la foi est superflue, pourvu que demeurent des valeurs. Mais n'est-ce pas là l'erreur, de penser que l'on peut instaurer longtemps le bien et l'humain sans recours ni secours du divin ?

Pour expliquer ce lien entre la foi et la vie, prenons deux images.

Un torrent, un ruisseau, une rivière, peuvent-ils abreuver et irriguer sans une source qui les ravitaille ? Des fleurs coupées survivent-elles aussi longtemps que des fleurs enracinées ? Les valeurs humaines peuvent-elles durer à l'épreuve du temps sans être ressourcées par Dieu ? Un arbre donne-t-il des fruits sans la sève ?

Parfois, quand des parents attendent d'une école catholique, du catéchisme, de l'Eglise, qu'ils transmettent à leurs enfants des valeurs humaines nécessaires pour leur vie actuelle et à venir, ont-ils assez conscience que leur proposer la foi comme la source nourricière de leur être et de leur comportement est une mission de transmission vitale à l'égale de celle de l'enseignement ? Il ne faut pas seulement donner aux enfants des capacités et des moyens, mais aussi des raisons et des ressources pour vivre. Pas seulement offrir de l'eau, mais aussi et surtout la source intarissable qui fournit l'eau. Pas seulement les valeurs, mais aussi et surtout Dieu qui les fonde.

Quant à l'évangile qui nous raconte une apparition du Christ huit jours après sa résurrection, il nous partage à la fois la crainte des disciples qui avaient peur des Juifs et l'impact de la présence du Christ leur apportant la Paix et la confiance. Là encore, on retrouve la transformation radicale de la vie qu'apporte la foi au Christ ressuscité. Que les gens tentés de penser que la foi n'est pas importante regardent la façon dont elle est devenue un point d'appui pour lever et décupler leur énergie. On me disait récemment d'une maman qui avait connu beaucoup de difficultés dans son existence : "si elle n'a jamais baissé les bras, c'est en raison de sa foi confiante et joyeuse".

Bien sûr, cette foi source d'engagement n'est pas naïve, mais lucide. La foi a besoin de preuves qu'apportent les témoins. St Thomas déclara aux apôtres : "Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n'y croirai pas." Quoi de plus normal et légitime que des enfants, des adolescents, des jeunes en plein développement de leurs capacités et construction de leur personnalité, qui respirent tous les jours une culture rationnelle, se posent des questions, expriment leur doute et leur scepticisme. Les paroles, les conseils aux enfants ont besoin d'être attestés par des témoignages de vie qui donnent du crédit à ce qui est dit. St Thomas lui-même n'a pas cru ce que lui disait son entourage, il a eu besoin d'expérimenter par lui-même la présence de Jésus pour ensuite déclarer : "Mon Seigneur et mon Dieu !"

Les écoles catholiques, les Paroisses, les familles, ne sont pas seulement des lieux de foi mais plutôt des chemins où on la cherche, où on en discute, où on l'expérimente en groupe avec d'autres. Dans ces lieux, aucun sujet n'est tabou. La Raison, le cœur, la liberté de conscience, toutes les facultés sont mobilisées pour chercher la Vérité. Le doute, la question, le questionnement, font partie du chemin humain.

Par une décision du Pape Jean-Paul II, ce dimanche après Pâques est devenu celui de la Divine Miséricorde. Dans une société marquée par la précarité, le provisoire, le transitoire, le jetable, la durée limitée, dans une culture qui diffuse le subjectivisme et le relativisme, le scepticisme et la méfiance, divergences et éparpillement, l'accueil et l'adhésion au Christ, à son évangile, c'est-à-dire à ses façons de choisir et d'agir, deviennent une source d'eau jaillissante en notre vie que la foi unifie. Dans l'éducation, l'instruction, l'initiation des jeunes, la pédagogie du Christ est exemplaire. Il rejoint, se rend présent, se laisse questionner, apporte sa paix et sa sérénité et fournit des réponses à la fois en paroles et en actes. C'est ainsi qu'il se montre miséricordieux, n'excluant ni ne condamnant jamais. Vrai et exigeant avec les jeunes, oui, il faut l'être, mais toujours patient et confiant à l'exemple du Christ.

Dans sa 1^ère lettre, saint Jean nous a dit : "Les commandements de Dieu ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Et ce qui nous a fait vaincre le monde, c'est notre foi."

Prions Dieu de nous accorder la grâce d'une foi éclairée qui soit le fil rouge du parcours de notre existence. Que notre foi soit la source jamais tarie de nos initiatives et du bien que nous accomplissons. Que le Christ en qui nous croyons nous soutienne dans nos désirs de nous améliorer et de progresser.

Vous aimez les fleurs, n'oubliez pas leurs racines et la terre sans lesquelles elles se dessèchent... Vous dites que nul ne peut progresser sans valeurs, mais avez-vous pensé à leur source ?