Le Père Robert Laprade a rejoint Dieu et tant de gens connus sur terre.

Voici ce que moi, Lucien Marguet, un des prêtres dont le Père Robert Laprade a soutenu la vocation et accompagné le ministère, j’ai retenu de lui.

Son enthousiasme et sa fibre pastorale, son goût persistant pour l'innovation l'ont entretenu toute sa vie durant dans un état de confiance et de sérénité qu'on lui a toujours connu. Le Père Laprade a aimé prendre des initiatives pastorales. Dans les époques où se développaient les activités d'animation des villages, il a appelé des jeunes à faire du théâtre, leur donnant ainsi l'occasion d'apprendre à s'exprimer et à s'affirmer, de donner de la joie et d'animer leur village. Il a été un des premiers à regrouper les chrétiens pour former des communautés de prière plus larges et plus consistantes. Cette forme d'apostolat par l'élargissement et le regroupement a tissé le lien social en rural et ecclésial.

Désirant lui-même découvrir le vaste monde et les peuples qui l'habitent, le Père Laprade a été un grand voyageur : en car, en bateau, en avion. Il a organisé lui-même ou s'est joint à des voyages en regroupant autour de lui des gens pris par le désir de quitter leur quotidien et d'aller à la découverte d'autres horizons. Les séjours à la neige, les excursions lointaines, les pèlerinages à Lourdes… Dans toutes ces activités, le Père Laprade s'investissait à fond. Dans le théâtre, les kermesses, les cérémonies liturgiques, il était tour à tour créateur, décorateur, costumier, animateur, organisateur à qui aucun détail n'échappait. Jamais le Père Laprade n'a manqué de servants d'autel qui, dans les dernières années de son existence, ont été ses yeux, sa parole, ses oreilles, ses jambes et ses mains. Bien sûr le Père Laprade, courageux et généreux, montrait parfois un caractère coléreux. Mais ses emportements subits et cinglants ressemblaient plus au lait qui bout et qui déborde qu'au soufflé au fromage qui gonfle et dore doucement.

Le Père Laprade appréciait la convivialité de la table où il recevait sa famille, les prêtres et des amis. Il se coupait en quatre pour rendre le service de la photocopie des feuilles paroissiales ou des cérémonies familiales. Il assistait bien sûr à des évolutions dans la façon d'aborder et d'initier de nouvelles approches pastorales, mais demeurait toujours positif alors qu'il aurait pu adopter une attitude critique. Il va vu fondre sa communauté pour qui il demeurait "le doyen". Il vieillissait au même rythme que ses fidèles. Il a maintenant rejoint ceux qui l'ont précédé dans la maison du Père.

Plusieurs jeunes de sa paroisse sont allés au séminaire, certains sont devenus prêtres : Marcel Baudart de Mont-St-Martin, Claude Soudant de Marvaux, Lucien Marguet de Liry. Le 15 août de chaque année, il solennisait la fête de l'Assomption dans un village différent où se retrouvaient dans la ferveur et la joie un bon nombre d'habitants des environs. Il a d’ailleurs été conseiller spirituel d’une équipe Notre-Dame dont les membres appréciaient énormément la profondeur de ses interventions.

Le Père Laprade, on le voit, avait beaucoup de talents, il les a fait fructifier et mis au service de son ministère de berger. Il a été pleinement de son temps et de l'Eglise de ces époques que ses années de vie ont traversées. Comment ne pas rendre grâce à Dieu pour ce qu'il a été pour tous et pour chacun ? Comment ne pas lui confier le soin de susciter des vocations de baptisés et de prêtres, de religieuses et religieux, pour que l'Eglise poursuive sa mission d'évangélisation dans les conditions actuelles du monde d'aujourd'hui?

« Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup, entre dans la joie de ton Seigneur. » Bien sûr les façons qu'a eues le Père Laprade de se positionner dans la pastorale portent la marque d'une époque. Nous admirons son énergie et toutes les initiatives concrètes qu'il a prises. Il a été un bon pasteur en phase avec son époque. Il n'était pas seulement à l'autel, il s'est efforcé d'être embrayé à la vie qui réclame de s'ouvrir au monde et d'accueillir les progrès apportés par la modernité. Le Père Laprade était prêtre dans son temps et témoin d'Evangile pour ce temps. Comme le Christ, le seul Berger d'humanité, dont les prêtres ne sont que des modestes disciples, le Père Laprade s'est montré un fidèle lieutenant, serviteur et pasteur, jusqu'au bout de sa vie.

Rendons grâce à Dieu pour ce qu'il a été parmi nous. Remercions Dieu pour toutes les personnes qui avec discrétion et efficacité l’ont entouré de soins, d’assistance spirituelle, de soutien moral et fraternel, durant toutes les années de sa fin de vie terrestre !