" Il est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu…"

Cette phrase, prononcée de concert par Pierre et Jean devant le sanhédrin (Ac 4, 19-20) après l’effusion de l’Esprit Saint lors de la Pentecôte sur les apôtres et les premiers enseignements donnés en public à l’adresse des foules, a été retenue, cette année, pour accompagner l’Eglise universelle dans la Semaine Missionnaire Mondiale.

Les disciples qui ont accompagné Jésus durant ses trois ans de vie d’annonce de l’Evangile, qui ont recueilli ses pensées, ont été témoins de ce qu’il faisait de bien, de bon, de juste. Eux qui l’ont entendu révéler Dieu qu’il appelait son Père, qui ont capté ses messages, se sentent désormais investis du devoir de les diffuser. L’Eglise est née de cette nécessité intérieure de partager avec tous la Bonne Nouvelle du salut. Ainsi donc la mission de faire connaître et aimer Jésus, de le prendre pour guide de nos vies humaines, est même le cœur de la mission de l’Eglise et de chaque chrétien.

A travers les époques, on s’aperçoit vite que les moyens auxquels l’Eglise a eu recours pour propager l’Evangile ont été très divers. Le recours à la force, et même à la violence, qui avait l’appui des stratégies expansionnistes et même colonisatrices, nous parait, avec le recul du temps et de la réflexion, assez éloigné de l’esprit évangélique. Heureusement des conciles ont permis aux croyants chrétiens de mieux comprendre le « contenu du message » et les façons souhaitables de le transmettre aujourd’hui en paroles et en actes à notre monde contemporain confronté aux évolutions et aux bouleversements, aux interrogations sur lui-même et son environnement.

La transmission de l’Evangile, la découverte de Jésus et la mise en pratique de ses façons de vivre, de penser, de choisir et d’agir sont toujours à réaliser et à renouveler. Ce serait une grave erreur de penser que nous savons tout sur la foi chrétienne et de négliger les fruits d’humanité qu’elle est capable de produire en notre époque. Par exemple : beaucoup de sages et de savants nous disent que l’état actuel de notre Terre ne pourra supporter encore longtemps la surconsommation de biens qui génère frustrations, inégalités, conflits et gaspillages. De nombreux épisodes des évangiles nous témoignent de la pensée du Christ sur notre rapport à l’univers, à la Terre et aux autres, qui ne doit pas être un rapport d’accaparement ni d’exploitation, de conditionnement ni de rébellion, mais un rapport de modération et de maîtrise réfléchie.

En allant faire mes courses, j’ai récemment reçu les confidences enthousiastes d’une grand-mère qui se réjouissait du fait que tous ses petits-enfants étaient inscrits au catéchisme par des jeunes parents aussi attentifs à l’éducation religieuse qu’à l’instruction scolaire !  « Croire m’a été d’une telle aide que je souhaite à mes petits-enfants la même chance ! » Et elle ajoutait : « Sans jamais faire pression sur les parents dont je respecte la liberté et la responsabilité ! »

En plus, faut-il le dire, la foi chrétienne s’exporte et se partage en se mêlant à toutes les cultures qui se sont développées sur terre et dans l’histoire des peuples. Etre disciple de Jésus, pour un Africain, ne demande pas d’adopter les codes et les rituels sociaux vécus par un missionnaire blanc évoluant dans sa propre culture. C’est à celui ou celle qui reçoit l’Evangile de transférer et traduire en actes l’Evangile d’Amour et de Vie qu’il reçoit en « don gracieux ». « Il est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu »…