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Les billets du Père Lucien Marguet
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25 juin 2022

Vide-greniers, remise en marche de vieux pistons…

 

Depuis plusieurs années, des amateurs passionnés de matériels agricoles et en particulier de tracteurs ont rejoint les collectionneurs de voitures anciennes et le club des antiquaires, tous reliés par un attachement au passé et fiers de le valoriser. Dans le même temps on assiste à un engouement pour ce qu'on appelle habituellement les vide-greniers. Il n'est guère de village, même le plus modeste, qui n’organise cette occasion de sortir ces objets anciens devenus inutiles à notre époque et que l'on a remisés ! 

Aussi peut-on légitimement se demander quelles raisons suscitent cet engouement pour le passé et ses modes de vie, le soin pris pour leur redonner vie au travers du matériel agricole, du mobilier, de la vaisselle et de petits objets domestiques familiers, témoins de la vie d'autrefois ! Que révèle ce regard collectif dans le rétroviseur des mentalités et de notre état d'esprit actuel ? Peut-être des peurs dans ce monde incertain, mobile et mouvementé. Et ces souvenirs multiples du passé ne constituent-ils pas des assises fixes qui ont fait leurs preuves de stabilité et de fidélité ? La mécanique des moteurs n'était-elle pas davantage maîtrisable par l'habilité humaine, à la portée de tous, que la dépendance générée par l'informatique généralisée, créée et maîtrisée par des spécialistes fort éloignés ? 

Ce retour ou plutôt ce recours au passé et les manifestations que cela suscite expriment un immense besoin de recréer et de renforcer des liens pour faire communauté de vie, image de la vie villageoise qui voyait les gens davantage se côtoyer, se recevoir en veillée, se croiser dans les champs ou à la boulangerie, chez le forgeron ou à l'entrée de l'école, et pourquoi pas à la messe dominicale ou au bistrot de la commune, puisque tous ces lieux forgeaient et animaient la vie rurale ! 

Bien sûr, tout en exprimant cette nostalgie qui risque toujours d'idéaliser la vie familiale, sociale et ecclésiale du passé, il n’est sans doute pas beaucoup de monde à vouloir retourner en arrière et renoncer à tout ce que la modernité nous offre comme moyens de vivre qui nous soulagent et même nous dispensent des gestes et des travaux laborieux et usants ! Certes, sous le couvert d'indépendance et d’autosuffisance, l'individualisme se substitue peu à peu à une vie rurale et sociale autrefois plus dense. On trouve ailleurs, mais il faut aller le chercher, ce que l'on ne trouve plus sur place. 

Ces évolutions considérables qui voient le rural se transformer sous nos yeux plongent certaines personnes dans l'insécurité et dans le souvenir d'un passé ressenti comme plus encadré, plus stable et plus serein. A travers la multiplication des vide-greniers, la création de clubs de réparation de voitures anciennes ou d’engins agricoles motorisés, comme les vieux pistons, ne faut-il pas comprendre une fois encore que nombre de nos contemporains ressentent que le temps leur échappe, tant il s’écoule de plus en plus vite ? N'assistons-nous pas à des tentations non seulement de remonter le temps mais de l'arrêter et de nous donner l'impression d'en valoriser certaines séquences qui ont notre préférence ?

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