Egos "hypertrophiés"…

Il arrive parfois que l’on rencontre des personnes qui se croient des personnages car se considérant très différentes des autres. Ces gens s’imposent en ne s’intéressant et en ne parlant que d’eux-mêmes, ou tout au plus de leurs proches ! Soit ils monopolisent la parole pour vanter leurs réussites et leurs mérites à les avoir obtenues, soit à l’inverse ils se désolent en dressant la longue liste de leurs malheurs et de leurs multiples et profondes souffrances, n’imaginant pas qu’ils ne sont pas seuls à être atteints par les difficultés de la vie. Dans tous les cas, ils centrent tout sur eux, espérant ainsi capter l’attention sur leur "cas" ! 

On peut bien sûr s’interroger sur les raisons de leur attitude captative. Est-ce un aveu de leurs faiblesses ? De leurs doutes sur eux-mêmes ? Visent-ils ainsi à se rassurer en cherchant des appuis auprès d’autrui ? N’ont-ils jamais été encouragés et approuvés, si bien qu’ils vivent dans une sorte d’insécurité occupant tout l’espace et le temps d’une conversation avec les autres ? Ils ne retiennent que ce qu’ils ont dit. Ce n’est bien sûr pas ainsi qu’ils vont s’améliorer et sortir de leur carapace. 

Le comportement de ces égos hypertrophiés est désolant, d’abord pour eux et ensuite pour tout le monde. Ils ressemblent à des conducteurs sourds et myopes. Ils se croient points de mire, ils ne sont que tristes "rengaines". Ils déroulent leur vie en parallèle à celle des autres. Ils se considèrent au centre, ils ne sont qu’à la marge ! Ils sont enkystés sur eux-mêmes. Parfois, ils succombent à la tentation de juger sévèrement les choix et les chemins empruntés par les autres, à l’aune évidemment de leurs propres options et de leur point de vue singulier ! Leur tort est là encore de se prononcer, non après s’être informé des réalités objectives, mais à partir de leur observatoire subjectif autocentré ! Ils sont enfermés sur eux-mêmes. 

Je ne leur en veux pas personnellement. Je les plains surtout de ne pas avoir assez conscience de leur état, auquel ils devraient remédier par des moyens psychologiques, moraux et spirituels appropriés. Trop de gens qui les côtoient n’ont jamais osé les reprendre dans leur façon d’occuper tout le terrain des conversations. Par dérobade et par peur de les voir s’éloigner, ces amis les ont laissés s’enfoncer dans leur "égo-démesuré". 

Lecteur qui parcourez ces quelques réflexions, vous avez sans doute déjà fait cette expérience que j’ai moi-même faite dans ma vie pastorale, basée sur l’accueil bienveillant et l’écoute patiente et attentive qui sont les conditions du progrès humain. Dans une société chamboulée et bruyante dans laquelle la liberté et la vérité ne sont pas toujours recherchées mais passent après le "spectaculaire et la rumeur", comment ne pas souhaiter une purification des échanges et des partages afin que la plus frêle et la plus humble des voix humaines puisse se faire entendre et être prise en considération !