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Les billets du Père Lucien Marguet
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29 septembre 2022

Dieu « Tout-Puissant »

 

Cette expression souvent utilisée à l’adresse de Dieu, en particulier dans les liturgies, a besoin que l’on s’y attarde pour en déchiffrer le sens. Cette façon de qualifier Dieu de « Tout-Puissant » peut détourner du visage que Jésus révèle de son Père en disant « Qui me voit voit Dieu mon Père ». Cette formulation peut laisser penser que Dieu détient tous les moyens d’intervenir dans nos vies pour résoudre tous les problèmes, apaiser toutes les souffrances, devancer tous les pièges du mal qui surviennent dans nos existences. 

« Tout-Puissant » voudrait aussi souligner que Dieu a réponse à tout, et cela ne ferait qu’aggraver nos faiblesses humaines et nos échecs. Or Dieu a-t-il comme habitude et projet de se substituer à l’humain chaque fois que celui-ci rate l’exercice de sa propre liberté dont Dieu est lui-même l’auteur ? Avec cette formule « Tout-Puissant », certains pourraient aller jusqu’à soupçonner le Créateur d’attendre que nous chutions à terre pour se précipiter vers nous et faire valoir ainsi sa présence ! Ce qui ferait dire à d’autres qu’ils n’ont pas besoin du secours de Dieu, qu’ils ont en eux des ressources naturelles pour se tirer d’affaire sans lui. A l’inverse, d’autres pourraient être tentés de ne plus assumer leurs responsabilités, en remettant entièrement à Dieu le soin de choisir sans eux et pour eux. La voie préférable est bien sûr de s’exercer à la liberté quand il s’agit de réfléchir, choisir, s’engager et agir, tout en y associant l’inventeur de cette capacité que tout être humain a vocation de développer dans sa vie et que Jésus a lui-même exercée dans la sienne. 

Ce qualificatif de « Toute-Puissance », Jésus de Nazareth l’a traduit en paroles, en comportements, en actes, nous permettant ainsi d’avoir une authentique image de Dieu. Dieu est Tout-Puissant, oui, mais de respect, de service, d’Amour, de pardon, de tact et de tendresse, de patience et de confiance, en un mot de fidélité. Dans l’aventure humaine, au cœur d’un univers en continuelle évolution, Dieu aurait pu se fâcher et nous rejeter, nous renier ! Jamais, nous dit Jésus, il n’a eu cette idée, quand bien même on le voit triste de constater parfois les faux pas des humains par le mauvais usage de leurs libertés ! 

Dans les célébrations liturgiques, les oraisons prononcées, il est souvent fait mention de la Toute-Puissance de Dieu. Je crains souvent que ces mots heurtent la conscience des membres de l’assemblée non informés qui peuvent en déduire que, puisque Dieu s’occupe de tout, on n’a plus à se soucier de rien ni à se mobiliser ; le risque est aussi qu’ils pensent que les problèmes auxquels le monde est confronté démontrent l’incapacité de Dieu, pourtant déclaré « Tout-Puissant, à les réduire ! Et d’aucuns d’en tirer la conclusion que ce Dieu absent ou aveugle n’existe pas et qu’il est préférable de ne plus s’adresser à lui. 

En réalité, ce cadeau de la liberté et de la responsabilité que Dieu nous fait est une marque de confiance de sa part, puisqu’il nous confère la mission d’essayer de lui ressembler par le chemin de notre humanité. Pour réaliser cette vocation, il nous a envoyé Jésus non pour être et faire à notre place, mais pour être un recours et un secours, un copilote de nos conduites. Aussi lorsque j’entends ces paroles : « je crois en Dieu », ou, à l’inverse, « je ne crois pas en Dieu », « Dieu, je l’ai remisé dans les rayons du haut de ma bibliothèque », je pose toujours cette question : « Pouvez-vous en dire plus sur Dieu que vous rejetez ou sur Dieu en qui vous croyez ? »

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