Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Archives
Newsletter
2 décembre 2022

2ème Dimanche de l'Avent (année A)

11 décembre 2022

Isaïe 11 1-10 - Romains 15 4-9  - Matthieu 3 1-12

 

La liturgie de l'Avent nous donne la joie de parcourir les plus beaux textes du prophète Isaïe. Isaïe est le plus grand des prophètes d'Israël et l'un des plus grands poètes du monde. De famille noble et peut-être royale, il a vécu vers 750 avant Jésus-Christ. Il a exercé sa mission dans le royaume de Juda, spécialement à Jérusalem. 

Il est le prophète qui a le plus parlé du Messie. Lucide sur les moeurs de son époque, avec vigueur il dénonce l'inconscience et l'égoïsme des classes dirigeantes, l'oppression des petits par les riches, le luxe des femmes et surtout la cause de toutes ces fautes, la méconnaissance de Dieu. Il interpelle ses contemporains. L'unique et durable solution sera le retour à Dieu par la conversion. Parmi les prophéties d'Isaïe, il en est beaucoup qui sont comme une annonce de la venue, de la vie et de la mort de Jésus. On dirait un évangile écrit plusieurs siècles avant la venue du Sauveur. Ce sont ces prophéties joyeuses et pleines d'espérance que l'Eglise nous fait relire chaque année au temps de Noël. 

Ainsi cette première lecture que nous avons entendue il y a un instant. Tout pénétré de l'Esprit de Dieu, le Messie apportera la Paix au monde. Une Paix tellement extraordinaire que le prophète, pour l'exprimer, doit employer des comparaisons qui frappent. Dire que le lion mangera de la paille et que le petit enfant jouera auprès de la vipère, c'est affirmer une paix dépassant tout ce que l'on peut imaginer. 

Le salut apporté par le Messie ne transformera pas seulement l'humanité, mais aussi le rapport de l'homme à la nature. "Il ne jugera pas d'après les apparences". "Il ne tranchera pas d'après ce qu'il entend dire". "Il jugera les petits avec justice... il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays..." La Nature elle-même bénéficiera de l'avènement du Sauveur : "le loup habitera avec l'agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble... Un petit garçon les conduira". 

Mais à quoi bon ces prophéties ? Illusoires, idéalistes, inutiles, irréalisables,diront certains. Cette objection certes est de taille. Elle s'appuie sur un regard et une analyse lucides de la situation mondiale. Regardez l'état de la société actuelle : il est loin en effet de ce monde idyllique dans lequel le cœur de l'homme est guéri de sa haine, de ses instincts dominateurs, de ses violences. Et pourtant nous sentons bien, nous les croyants, que l'Espérance est notre mot favori, que l'Espérance est la clé de voûte de l'Eglise croyante. Les chrétiens ne sont-ils pas les gardiens du feu pour qu'il ne s'éteigne pas. Pour que le moment venu le petit feu conservé dans la nuit et dans la pluie devienne brasier à l'aube et réchauffe tout le monde. Or l'Espérance vient de Dieu. Il nous l'a confiée. Nous devons garder nos yeux et notre esprit éveillés pour la conserver et permettre à Dieu de l'entretenir en nous. Imaginons un instant que l'Espérance soit expulsée de notre esprit, qu'elle soit oubliée et rayée du vocabulaire... L'humanité perdrait sa trajectoire divine. L'Espérance n'est-elle pas la flamme olympique qui nous fait courir pour un but ? 

A la suite d'Isaïe, à la suite de Jean-Baptiste, le dernier des prophètes avant la venue de Jésus, nous sommes invités à être prophètes aujourd'hui. Prophètes de l'Espérance dans les situations les plus atteintes par les tempêtes et les ténèbres. Nous n'allons pas expliquer le mal, la souffrance, le malheur innocent, nous ne justifierons pas les difficultés ni les brouillards, nous témoignerons cependant qu'en chemin il est une lumière, qu'au coeur de la nuit il est un lever du jour. Est-ce utopique et illusoire d'affirmer que, dans le lointain du chemin, il existe un horizon ? Est-ce tromper les autres que de montrer les étoiles lorsque la nuit semble complète ? Certes le marcheur dans la nuit n'atteint jamais l'étoile dans le ciel. Pourtant, il en a bien besoin, car elle le guide. Ainsi en est-il de l'Espérance. Heureusement qu'elle est là pour permettre de se lever, se relever, de tenir debout et avancer, pour redonner confiance et permettre de recommencer sans cesse. 

Certes, nul ne peut accueillir ces signes que Dieu fait comme un cadeau d'Espérance si son coeur est encombré de lui-même. Jean-Baptiste prêche au désert un baptême de conversion. Faire le ménage en soi, remettre de l'ordre dans sa vie, se dépouiller de l'orgueil, de la suffisance, des instincts de juger, de mépriser, de dominer et de tout ramener à soi. Faire pénitence, se maîtriser, voilà bien des initiatives que chacun peut prendre pour sa part. Si l'Espérance, vertu théologale, est un don de Dieu, il reste que Dieu ne peut franchir la porte de nos vies qu'avec notre accord et notre adhésion active. L'Espérance ne s'impose pas, il nous faut l'accueillir. Que Dieu nous donne, en ce temps d'Avent, la grâce de nous laisser convertir à l'Espérance, locomotive de notre existence. 

AMEN

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité