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Les billets du Père Lucien Marguet
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1 septembre 2023

22ème Dimanche du temps ordinaire (Année A)

3 septembre 2023

Jérémie 20 7-9 - Romains 12 1-2 - Matthieu 16 21-27 

 

Lorsque Pierre avait dit à Jésus : "Tu es le Messie, le fils du Dieu vivant", Jésus lui avait répondu : "Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon père qui est aux cieux". Et il lui avait confié d'être fondation de son Eglise naissante... C'était l'Evangile de dimanche dernier. 

Aujourd'hui, dans la suite du texte, Matthieu nous rapporte les faits d'une très sérieuse explication de Jésus avec ce même Pierre. Pierre consentait au Messie fils du Dieu vivant. Mais sans la souffrance, la croix et la mort. "Dieu t'en garde, Seigneur ! Cela ne t'arrivera pas". Et la réplique vive de Jésus ne se fait pas attendre : "Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes." En effet dans son choix de la condition humaine, Jésus ne pouvait éviter d'être confronté, d'endosser et d'assumer, y compris la souffrance et la mort. Si Jésus avait sélectionné une vie humaine allégée, privée des tentations, du mal, des fardeaux à porter, alors aurait-il pu nous libérer et nous sauver ? "Jésus", disait le Cardinal Marty, "n'a pas fait trempette avec ses pieds dans la condition humaine. Il s'y est plongé tout entier". Et Jésus, pour que les choses soient bien claires dans la tête des disciples, leur dit : "Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera." Quels messages entendre dans cette page d'Evangile ? 

Il arrive parfois que des croyants s'étonnent devant Dieu que leur foi en Lui ne les prémunisse pas contre le mal et la souffrance de l'existence, car selon eux Dieu devrait balayer tous les obstacles et les épines de leur route. Or l'existence terrestre du Christ montre à l'inverse que même lui n'a pas été épargné. C'est même à la façon dont il a abordé ces obstacles - condamnation, passion, crucifixion - qu'il a donné un visage humain nouveau de liberté, de dignité, de responsabilité, de don de soi dans les épreuves. Ainsi Jésus devient-il chemin exemplaire pour tout homme, en tout temps. "Je suis le chemin, la vérité et la vie", dira-t-il un jour. S'il n'avait pas choisi d'expérimenter tout de notre vie, Jésus n'aurait pu devenir pour nous un chemin d'humanité qui mène à Dieu. 

Cette séquence d'Evangile nous montre la grande liberté du Christ. Autant il n'hésite pas à féliciter Pierre pour sa spontanéité, sa générosité et ses bonnes réponses, autant il n'hésite pas à remettre Pierre à sa place. Non devant Jésus pour lui indiquer la route, mais derrière lui : "Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes"

Autant Jésus se montre plein de charité et de compassion en de nombreuses circonstances, autant il se montre aussi, tout le temps, attaché à la vérité. On voit sans cesse Jésus articuler charité et vérité. Jésus a un amour profond pour Pierre qu'il a appelé un jour au bord du lac : "Pierre, viens et suis moi". Mais la confiance que Jésus porte à Pierre ne l'empêche pas d'être très clairement vrai avec lui. 

Nous ne savons pas toujours, nous, articuler charité et vérité dans nos vies. Dans nos relations, nous pouvons être tentés par la démagogie, la flatterie, l'hypocrisie. Parfois, plutôt que d'avoir à nous confronter, nous choisissons la dérobade. Sous le prétexte que toute vérité n'est pas bonne à dire et qu'il faut attendre le bon moment, nous nous défilons. "Mes parents se fichent de moi", disait ce garçon de 15 ans, "puisqu'ils ne me reprochent jamais rien et me laissent tout faire". 

Matthieu, qui rédige son évangile pour les premières communautés chrétiennes, n'a pas enjolivé l'itinéraire de Pierre. Il n'en donne pas une image d'Epinal ou sulpicienne. Il n'en fait pas un saint avant l'heure. Et pourtant il nous apparait que Jésus ne l'ayant pas choisi pour ses mérites, Pierre va d'autant mieux apparaître comme un bénéficiaire investi de la grâce divine. 

C'est plutôt rassurant pour les chrétiens que nous essayons d'être aujourd'hui. Ce ne sont pas nos capacités, nos qualités, nos dons, ni même notre courage et notre générosité que Dieu regarde en nous, mais plutôt notre humilité, notre aptitude à nous reconnaître tels que nous sommes. Dieu nous aime, savons-nous accueillir cet Amour ? Voilà bien la vraie question. D'ailleurs, c'est la seule question qu'un jour après sa Résurrection Jésus posera 3 fois de suite à Pierre : "Pierre, m'aimes-tu ?" Et il lui confiera cette fois pour de bon son Eglise, puisqu'il les quitte : "Pais mes brebis". Et sur cette parole Jésus ajoutera, comme 3 ans auparavant : "Suis-moi"... 

 

 

 

 

 

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