La Croix

Pourquoi les chrétiens font-ils de la croix sur laquelle est mort Jésus une sorte de trophée ? Cela peut paraître bizarre de leur part, puisqu'ils parlent si souvent de vie, de Pardon et d'Amour…

Lorsqu'un sportif gagne aux Jeux Olympiques, c'est une médaille en or, en argent, en bronze, que l'on passe à son cou. Car elle est signe de triomphe. Au foot, c'est une coupe, un ballon, un buteur en pleine action. Mais l'exhibition d'une croix, qui est la représentation d'un vaincu et même d'un mort, quel en est donc le Message ? Or, en arborant chacun(e) une croix autour du cou, nous sommes appelés à ressembler à Jésus dans sa vie. Car la croix, ce n'est pas tant l'annonce de sa mort que le triomphe de sa vie donnée avec amour et vérité. C'est le résultat des choix, des paroles et des actes de toute sa vie.

La Croix, dernier instant de sa vie terrestre, est tout d'abord le signe de sa décision de partager concrètement et jusqu'au bout la vie humaine, sauf le péché. Jésus, qui n'a jamais fait que le Bien aux autres, va rencontrer la méchanceté, le mensonge, la violence, la mauvaise foi, l'orgueil, le jugement et l'exclusion. Il aurait pu juger, condamner, ignorer les auteurs du mal. Lui, le Juste, est venu pour les sauver. Alors en pensée, en parole, en action, il choisit chaque fois d'être vrai, d'aimer, de pardonner. Il est proche de tout le monde, il est abordable par tous. Il se montre libre. Il se refuse à désigner des coupables. Il assume. Patiente. Prend sa part de responsabilités… Il place le service de la vie au-dessus des interdictions d'agir le samedi ou de parler à certaines personnes telles les lépreux, les Samaritains et les publicains. Ainsi Jésus propose-t-il une nouvelle façon de vivre. Porter la Croix de Jésus, c'est donc adopter et essayer d'imiter Jésus en pensées, en paroles et en actions.

Les foules qui avaient pourtant souvent acclamé Jésus ont cette fois réclamé sa mort. Les hautes autorités religieuses et les autorités d'occupation romaine, par crainte de bouleversements, ont demandé que Jésus de Nazareth soit condamné coûte que coûte. A ce moment-là, il aurait suffi que Jésus regrette officiellement ce qu'il avait dit et fait. Il aurait sauvé sa vie. Mais au prix de se renier… En avouant qu'il s'était trompé, il aurait détruit tout ce qu'il avait construit. En réalité, face à la mort Jésus ne pouvait, comme il l'avait été dans sa vie, que se montrer, libre, vrai et lumineux !

Jésus n'a pas décidé de souffrir et de mourir en croix. Il avait par contre décidé de ne pas plier devant les menaces, les intimidations et les chantages, et de demeurer lui-même, fils venu de Dieu pour mettre l'humanité sur une trajectoire nouvelle. Jésus a donc gardé le cap grâce à l'Esprit et à son Père par qui il se savait approuvé. "Ma vie, nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne"…  Jésus exprime son angoisse : "Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi, mais que ta volonté s'accomplisse, et non la mienne…"

En acceptant la croix comme emblème de notre foi, nous choisissons d'être forts en nous comme l'a été Jésus, nous consentons à donner priorité à vos convictions, à l'amitié, à la liberté, la fidélité, la persévérance… Et comme pour les sportifs, novices ou de haut niveau, il nous faut, pour nous montrer à la hauteur du maître qu'est Jésus, beaucoup d'entraînement et d'exercices sur le terrain, avant de lui ressembler un peu plus.

Une petite fille à qui on racontait que Jésus avait été dépouillé de tout au moment de sa mort a dit au prêtre : "Non, pas de tout ! Il a gardé toutes les richesses de son cœur, personne ne pouvait les lui enlever"… Et une autre enfant, découvrant en Jésus un modèle à imiter, avouait : "Moi, j'aimerais ressembler à Jésus, mais quand même pas trop car j'aurais peur que mes amis s'éloignent de moi"…