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Les billets du Père Lucien Marguet
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20 mars 2011

La mort

Ce n'est peut-être pas tant la mort elle-même qui nous fait souffrir que le message qu'elle diffuse que plus rien ne sera comme avant de nos relations avec la personne que nous pleurons.

Peut-être ressentons-nous la mort comme un échec humiliant parce que nous n'avons pas su empêcher le départ de l'être cher.

Peut-être souffrons-nous de l'injustice que représente pour nous la mort d'un proche.

Peut-être la mort nous surprend-elle et estimons-nous souvent n'avoir pas eu assez de temps pour nous y préparer, surtout si la fin n'a pas donné de signe de son imminence et que nous n'avons jamais envisagé son éventualité.

Peut-être que la mort de l'un des nôtres nous blesse aussi parce qu'elle nous rappelle subitement notre condition humaine commune de simple mortel.

Peut-être encore que la disparition d'un battant dont la réussite permanente faisait notre admiration atteint en profondeur nos propres comportements et ébrèche nos projets.

Peut-être évacuons-nous tout le temps l'idée de mort afin de consacrer toute notre énergie à la vie ; et du coup, lorsqu'elle survient, nous sommes surpris et désorientés par cette ennemie qui fait irruption de l'extérieur…

 

La mort vient bousculer ce que nous avons entrepris et l'interrompre, cela nous blesse le cœur. Ces biens acquis à force de courage et d'initiatives créatrices, ces liens de couple, de famille et aux amis tissés depuis de si nombreuses années, ces projets en cours, promesses d'avenir plus sûr, la mort, sans scrupule, vient tout compromettre. En de nombreux cas, ce qui nous fait le plus mal n'est pas la mort elle-même mais ce qu'elle interrompt, ce qu'elle laisse inachevé, avec ce goût amer, cette certitude de non retour et de jamais plus… Je sais que mes yeux ne le verront plus, que mes oreilles n'entendront plus sa voix, que mes mains ne le toucheront plus, qu'aucun de mes sentiments ne lui sera plus communiqué, puisque devant la mort nos sens sont inopérants. Mon humanité tout entière sera comme désarmée.

 

Peut-être que souffrir devant la mort, c'est aussi se sentir inapte à pouvoir dire à l'être aimé ce que l'on éprouve à son égard et regretter de ne pas le lui avoir assez exprimé de son vivant.

Sans doute sommes-nous aussi envahis de souffrance devant la mort d'un être aimé du fait de notre ignorance sur l'endroit où il va. Nous n'avons pas de certitude sur ce qui suit la vie terrestre. Certains pensent que la fin est un anéantissement sans lendemain. Certains croient au contraire que la mort est un passage et même l'éclosion d'une vie limitée à une autre, plénière, que contenait déjà la vie terrestre et temporelle. Il est vrai que nous avons été tellement habitués à ne placer notre confiance qu'en ce que nous voyons et expérimentons que nous hésitons à franchir le pas de l'Espérance en une vie après la mort.

 

Cette foi en Jésus-Christ mort et ressuscité qui garantit notre propre résurrection est pourtant le cœur du christianisme. Nous ne pouvons célébrer des obsèques sans évoquer et remercier Dieu pour la vie de cette personne, mais nous avons tout autant la Mission d'annoncer "son Passage à l'autre rive qui est en Dieu". Saint Paul, dans sa lettre aux Thessaloniciens, écrit ceci : "Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l'ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité. De même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils. Ainsi nous serons pour toujours avec le Seigneur. Retenez ce que je viens de dire et réconfortez-vous les uns les autres"…

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