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Les billets du Père Lucien Marguet
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18 octobre 2014

Ces évènements qui interrogent mon "sens pastoral"

 A travers trois longues conversations au téléphone, j'ai mesuré la difficulté d'accueillir convenablement des demandes de sacrement et de donner des réponses qui tiennent assez compte de la vraie vie des gens !

 Une personne me confie qu'avec son mari, ils ont décidé de se marier à l'église après plus de quinze ans de vie commune au cours de laquelle d'ailleurs trois enfants sont nés, pour lesquels ils sollicitent le baptême. Je leur demande de passer me voir. Ce qu'ils font bien volontiers. Et à l'exigence de catéchiser les deux enfants en âge scolaire avant de les baptiser, non seulement ils consentent, mais ils l'approuvent. Ces enfants, surtout le premier, sont tout à fait capables de se préparer au baptême et de franchir les étapes prévues sur une année.

Lors de nos conversations, très sincères et vraies, je m'aperçois que leur extrême méfiance du mariage, en raison des divorces perçus autour d'eux, s'est transformée peu à peu en désir de s'engager pour donner de la solidité et de la durée à leur couple, et de la confiance à leurs enfants. Mariage et baptêmes sont prévus durant la même cérémonie.

 Le deuxième coup de téléphone portait sur un baptême programmé, mais au cours duquel la maman souhaitait que le prêtre n'exige pas qu'elle dise des paroles de foi qu'elle et sa famille n'ont pas. "Alors, pourquoi faites-vous baptiser votre petite fille ?" "Par tradition", me répond-elle. Lorsque je suis passé les voir chez eux pour préparer la célébration, j'ai alors appris qu'ils avaient demandé à la maire du village un baptême républicain. La maire leur avait fait comprendre qu'elle n'en avait jamais fait.

Au cours de la conversation très franche avec ce couple, je découvre que lui a été élevé par des parents qui ont élevé onze enfants, parmi lesquels plusieurs confiés par l'Adass. Et cet homme m'exprime toute sa gratitude pour ses parents qui lui ont appris l'accueil, l'ouverture, la tolérance, la générosité et le partage. Il m'avoue enfin que, s'il ne souhaite pas dire trop de paroles "religieuses" durant le baptême, c'est parce qu'il a appris à ne pas se mettre en avant, à rester modeste et discret. "Je préfère pousser les autres pour qu'ils soient plus en valeur que moi".

Je me suis dit alors que pour obéir à un rituel, je pouvais, moi pasteur, passer à côté de vraies valeurs qui motivent la vie des gens dans leurs choix.

Ce couple m'avoue aussi qu'ils ont quitté la réunion de parents de futurs baptisés parce que les animateurs prononçaient trop de paroles religieuses incompréhensibles. Et parce que je me suis intéressé à leur vie professionnelle, de famille, à l'aménagement de leur maison, à leur histoire personnelle, j'ai senti qu'ils se détendaient et que nous devenions proches, plus disposés à nous comprendre.

 Le troisième coup de téléphone concerne un mariage déjà programmé à la mairie. "On n'avait pas prévu de passer par l'église, car nos familles ne sont pas très croyantes. On ne voulait pas leur imposer ce temps dans l'église. Mais, chacun de notre côté, on a pensé qu'après tout c'est notre mariage, et on s'est décidés pour un mariage devant Dieu".

Recevant ce coup de téléphone à la veille de l'été, bien après les sessions de préparation au mariage, j'ai d'abord dit à la jeune femme que ce ne serait possible de les marier à l'église que l'an prochain. Le maire du village avait alors été saisi de la demande de baptême républicain pour les deux enfants en plus du mariage des parents. Grâce à ce maire, je retrouve peu après ce couple dans leur maison. Dans la conversation, je m'aperçois que leur démarche comporte un vrai désir d'honorer la dimension sacrée du mariage.

La jeune femme me raconte l'histoire de leur couple, la venue au monde de deux enfants qu'ils souhaiteraient baptiser le jour de leur mariage. Elle ajoute même : "l'un de mes rêves est d'acquérir une Bible pour mieux connaître Dieu et les conseils qu'il nous donne pour notre vie".

J'ai alors un peu honte de moi d'avoir failli une fois de plus être plus attentif aux "règles" qu'à l'Esprit à l'œuvre dans les cœurs humains !

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