Comment, en quelles circonstances être "missionnaire" ?

Si l'on constate d'expérience qu'être animés par la confiance en Jésus nous permet d'être guidés, soutenus et ravitaillés d'énergie et d'espérance dans les meilleurs comme dans les pires moments de notre existence, il n'est pas facile pour autant de partager notre foi chrétienne avec les gens indifférents à la foi ou incroyants.

En affichant leurs croyances, certains chrétiens craignent l'ironie et la dérision, d'autres ont peur que leur vie soit scrutée à la loupe pour vérifier si leurs paroles et leurs actes sont en adéquation. D'autres, profondément adeptes de la culture de la tolérance que diffusent les schémas de pensée à la mode, ne se voient guère vanter les bienfaits de la religion chrétienne, ce qui serait selon eux un manque de respect de la liberté de conscience de chacun(e) !

Aussi inviter les baptisés à n'être pas seulement amis de Jésus mais aussi ses "délégués" auprès de ceux et celles qui ne le connaissent pas et ignorent la chance de l'avoir pour "chemin, vérité et vie", expose ceux qui acceptent d'assumer cet engagement et réclame aussi du "savoir-faire", de l'à propos pour saisir les occasions de témoigner sans que cette initiative n'apparaisse artificielle mais adopte toujours un ton naturel, sincère et authentique. Existe-t-il donc des lieux et des moments pour annoncer les couleurs de l'Evangile du Christ ?

Je pense aux étapes de la vie lorsqu'on reçoit un faire-part de fondation d'un foyer, de naissance d'un enfant, de l'inauguration d'une maison, de l'achat d'un appartement, des résultats d'un examen, d'un concours… Tous ces moments partagés peuvent donner lieu à des mails ou à des lettres pouvant développer leur beauté ou leur profondeur humaines. On peut ajouter que ce regard contemplatif, on le doit à Jésus qui au cours de sa vie nous montre comment il faut regarder les autres avec simplicité, humilité, bienveillance et miséricorde.

On entend parfois des grands-parents regretter que leurs enfants et petits-enfants ne manifestent plus aucun signe de conviction religieuse et vivent comme si Dieu n'existait pas. Tout en disant cela, ils disent pourtant admirer leur générosité, leur solidarité, leur sens ancré de la justice, en un mot qui résume tout cela : leur belle humanité. Parfois ces chrétiens fidèles à leur foi se sentent un peu coupables de n'avoir pas réussi à transmettre la flamme de la foi chrétienne autour d'eux, jusqu'à en priver leurs petits-enfants qui n'en entendent alors jamais parler !

Certes le témoignage d'une vie tournée vers les autres, animée de bonté, capable d'accueil de la différence, de pardon et de réconciliation, une vie imprégnée d'humanisme, de quête de vérité et d'objectivité, même si le nom de Dieu n'y est jamais prononcé ni invoqué, je le pense, est animée de l'intérieur par l'Esprit Saint. Cette troisième personne de Dieu Trinité ne ressemble-t-elle pas à ces nappes phréatiques dont les sources jaillissantes et les rivières bénéficient sans en avoir conscience et leur permettent d'alimenter nos maisons et nos plaines ?

Etre missionnaire, c'est donc oser partager notre foi, c'est aussi révéler et nommer l'Etre transcendant qui est présent dans le cœur des gens même s'ils l'ignorent ou entretiennent le doute sur son existence !