Justice, droit, équité…

L’on peut raisonnablement estimer que tout être humain aspire intensément à voir fleurir le droit et la justice, l’équité et l’égalité, dont chacun(e) et tous puissent bénéficier. La façon et les chemins pour y parvenir s’avèrent toutefois souvent divergents selon les désirs et les besoins nuancés et même différents, pas forcément identiques et uniformes, des uns par rapport à d’autres.

Envisagé par un regard marqué et particulier, le bien commun n’est pas considéré ni espéré de la même façon. Selon les moyens que l’on a de s’exprimer et de se rendre audible, les paroles peuvent plus au moins porter jusqu’aux oreilles et au cœur des décideurs qu’elles revendiquent d’atteindre et de toucher. Les moyens de faire pression pour publier des revendications et de les légitimer sont eux aussi très diversement détenus. On peut souvent constater que les citoyens les plus dépouillés de tout sont aussi ceux dont la voix est privée de supports pour faire valoir leurs droits et d’abord leurs multiples souffrances. Dans l’évolution des sociétés, les plus démunis se taisent et endurent, tandis que par des luttes les plus forts puisent dans leurs ressources personnelles et collectives l’énergie qu’il leur faut déployer pour obtenir ce qui leur parait légitime.

Parfois dégénèrent en règlements de compte personnels et en destructions matérielles les protagonistes qui se confrontent. Dans la mesure où tous aspirent à plus de justice et sont attachés au droit, ils devraient avec sagesse s’asseoir pour expliquer leur point de vue, se concerter et décider ensemble d’un chemin de progrès qui fasse obligation pour tous. Dans une époque de profonde interpellation sur les menaces écologiques et les multiples raisons de changer nos modes de vie, tout le monde ne devrait-il pas redéployer ses « essentiels » autrement ? Choisir une consommation alimentaire et énergétique, consumériste modérée et maîtrisée, auto-contrôlée, et résister aux addictions matérielles, culturelles, qui érodent les facultés humaines les plus nobles… Préférer aujourd’hui la « restriction », même si on détient l’abondance… Parfois choisir de manquer et de se priver pour demeurer libre et donner notre préférence à « l’être » plutôt qu’à « l’avoir toujours plus »…

Enfin, l’humanité qui se découvre de plus en plus liée et interdépendante, universelle et globale, ne doit-elle pas devenir toujours plus solidaire et même fraternelle ? Souhaitons par exemple que la frénésie de consommation qui a imprégné les peuples occidentaux ne devienne pas un modèle que tous les peuples de la terre espèrent vivre… Souhaitons plutôt que d’autres façons de vivre, d’autres ambitions, disons le mot, un autre sens et un autre but à l’existence humaine, soient autrement incarnés que par la recherche effrénée et incontrôlée, souvent individualiste, du moteur de la consommation illimitée…

Oui, il faut toujours plus d’équité, de justice, de droit, de bien commun, mais pas à n’importe quel prix ni dans n’importe quelle direction…