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Les billets du Père Lucien Marguet
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3 juin 2020

La Trinité en Dieu….

 

Définir Dieu comme une « communauté » de personnes nous invite à ne pas nous représenter Dieu créateur du ciel, de la Terre et de l’univers, avec des images de toute puissance, de solitude, de perfection qui en feraient une caricature. Il est vrai que parler de Trinité n’apporte pas toutes les réponses à nos questions. Peut-être assez quand même pour concevoir Dieu au travers de ses relations, ses initiatives créatrices, régénératrices, réconciliatrices, ses concertations et ses décisions communes. Évoquer Dieu de façon  trinitaire - Père, Fils et Esprit -, c’est attirer notre attention non sur l’une ou l’autre personne en l’isolant, mais à l’inverse, sur l’interactivité entre les trois, sans les uniformiser mais au contraire en appréciant leur unité dans l’association de leurs différences. Cette approche de Dieu unique et Trine à la fois attire l’attention et bien sûr  le refus d’autres religions qui y voient une forme de polythéisme, un Dieu à trois têtes.

A scruter dans les évangiles ce qui exprime les relations entre Jésus, le Fils, et Dieu son Père, on découvre un désir de sa part d’être en liaison étroite avec lui, en coïncidence. Jésus s’ajuste sur les vues de son Père : « Que ce calice s’éloigne de moi, mais que Ta volonté soit faite ». Et dans cette phrase prononcée sur la Croix à l’adresse de ses bourreaux : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Bien sûr des phrases prononcées par Jésus explicitent son lien au Père : « Le Père et moi nous sommes Un comme toi, Père, tu es en moi et moi en Toi ». « Qui me voit voit mon Père ». Cette distinction donne à la fois une identité à chaque personne et une relation étroite et de communion entre les personnes de la Trinité lorsque Jésus annonce la venue de l’Esprit Saint pour lui succéder au milieu de nous et accompagner l’aventure humaine.

Or, dans ces mois mouvementés que nous venons de traverser, il me semble que Dieu s’est manifesté en de multiples cas connus, médiatisés, et tant d’autres, cachés. Des jeunes de quartiers, parfois regardés de travers au pied des immeubles par les personnes âgées, ont proposé de rendre de multiples services. Le regard sur eux a été changé. D’une façon surprenante, l’obligation de garder ses distances et de se protéger a creusé dans les cœurs le besoin des autres et le désir d’applaudir et de parler à ses voisins, et même d’ouvrir son esprit sur les « plus loin », les lointains. Des croyants ont approfondi leur intimité avec Dieu et leur place dans la communauté dont ils sont les membres habituels. Des couples et des enfants confinés ensemble ont complété la connaissance et la confiance les uns des autres. La confrontation, les discussions ont parfois généré des conflits qui ont conduit à des explications, des ajustements, des excuses, des pardons et des réconciliations.

Ne peut-on discerner dans les segments de cette existence des rapports avec la vie divine trinitaire ? Chacun(e) ne ressent-il pas au plus intime de lui-même un besoin d’assurer à la fois les conditions de son identité personnelle et la reconnaissance de sa dignité intrinsèque, et en même temps ne ressentons-nous pas que nous avons tous un besoin indispensable de liens et de solidarité et même de fraternité avec les autres, même avec celles et ceux qui suivent des chemins différents ?

Plus qu’à la tolérance, cette célébration de Dieu Trinité nous appelle à une foi qui inclut et même repose sur la qualité de nos liens à l’autre et aux autres. Aimer Dieu et aimer le prochain est la loi fondamentale des chrétiens.

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