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20 novembre 2020

Le Christ, Roi de l'univers (Année A)

22 novembre 2020

 

Ezéchiel 34 11-17 - 1ère Corinthiens 15 20-28 - Matthieu 25 31-46

 

N'est-il pas audacieux et même présomptueux de la part de l'Eglise de couronner Jésus du titre de Roi de l'univers alors qu'il a terminé son séjour terrestre en étant crucifié ? Et s'il est vraiment Roi de l'univers, comment règne-t-il puisqu'il a toujours résisté et refusé d'être le chef politique contre l'occupant romain que beaucoup de croyants attendaient qu'il soit ?

Messie, sauveur, libérateur, pourtant Jésus l'a été. Il a même inauguré et instauré une forme de royaume qui se base, à l'inverse de la gouvernance romaine, non pas sur la puissance des armes, la domination par la force et la menace, mais sur la liberté, l'adhésion et la conversion. Le royaume dont Jésus se prétend roi est celui de la conscience, des esprits et des cœurs. On n'y entre pas contraints, mais par la porte de la voix intérieure et du choix personnel. Nul n'est contraint d'obéir à ce roi qu'est Jésus. La seule puissance que Jésus déploie est celle de l'amour. Le seul argument avancé est celui de la vérité. Et le grand bénéfice, c'est d'accéder à la liberté. Ce n'est ni la crainte, ni la peur, ni l'obligation, ni même la loi qui me font accepter Jésus dans ma vie, mais tout au contraire je me sens libéré quand je l'associe à mes choix et mes décisions, mes initiatives et mes actions.

Oui, Jésus exerce un pouvoir, une influence, mais pas à notre insu, pas malgré nous, pas sans notre propre vouloir. Certains craignent qu'en donnant leur foi à Jésus ils n'aliènent leurs capacités et leur personnalité. Or Jésus ne dit jamais "Suivez-moi les yeux fermés"... Il n'exige pas que nous renoncions à chercher, apprendre et comprendre ; au contraire, croire en lui c'est se disposer à recevoir de sa part toute la foi qu'il a en nous. Jésus, lui, n'est jamais désespéré de l'homme.

Le pouvoir de Jésus est donc spirituel. Seule une réponse personnelle convient dans ce royaume dont Jésus est roi et où ne comptent vraiment que la dignité de tous et, surtout, le respect et le service des petits, des pauvres, des blessés de la vie, comme vient de nous le rapporter St Matthieu dans cet évangile appelé le jugement dernier. Et c'est même à ces signes que l'on peut percevoir que le règne de Dieu s'instaure.

A la suite de Jésus, l'Eglise n'a pas mission de créer une société et des régimes politiques alternatifs à ceux qui existent. Elle n'a pas vocation au pouvoir politique. Elle n'a pas de programme ni de solutions toutes faites aux grands problèmes du monde. Elle ne peut proposer que le poids de son expérience et le bénéfice de sa réflexion. Elle n'a pour moyens que la puissance de sa liberté et de son influence désintéressée. Cette distinction des pouvoirs et politique et spirituel lui vient d'une phrase de Jésus : "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu". Jésus voulait ainsi expliquer sa propre attitude habituelle et la nature de sa mission d'ordre strictement spirituel.

Aujourd'hui l'Eglise vit de ce pouvoir confié à Pierre et ses successeurs. Le pouvoir de proposer, d'expliquer, d'informer, de dire la Parole. Dans le cadre de la liberté religieuse et des consciences. Il faut certes avouer que dans l'histoire l'Eglise s'est parfois confondue aux pouvoirs politiques et armés. La force violente a parfois été utilisée pour obliger à devenir chrétien. Aujourd'hui, nous sommes dans une culture où chacun se prononce et s'engage selon ce qu'il a compris et ce qu'il décide lui-même. Il y a peut-être moins de chrétiens en quantité, mais sans doute plus d'adhérents convaincus et engagés.

Chaque année, nous célébrons le Christ Roi de l'Univers. Dimanche prochain, la nouvelle année liturgique va commencer par ce temps de l'Avent qui nous prépare à Noël. Or Noël, c'est un bébé dans les bras de sa mère. Petit et démuni, dépendant, un enfant. L'Eglise ne désire-t-elle pas inscrire en nos esprits cette idée que ce bébé-là est l'image de la Toute-Puissance de Dieu ?...

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