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Les billets du Père Lucien Marguet
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7 décembre 2020

2ème Dimanche de l'Avent (Année B)

6 décembre 2020

Isaïe 40 1-5-9-11 - 2ème Pierre 3 8-14 - Marc 1 1-8

  

Méditons trois expressions relevées dans les textes que nous venons d'entendre.

La première : "Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur". C'est ce que proclame Isaïe dans la première lecture. Le Peuple d'Israël est en exil à Babylone. Après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor en 585 avant J.C., beaucoup d'Hébreux sont exilés entre le Tigre et l'Euphrate. Cet exil se prolonge, on n'en voit plus la fin. Comme un désert... Pas de signes, pas d'indices, et pourtant le prophète annonce la venue de Dieu et la délivrance du Peuple. Il veut soutenir l'Espérance, mais il appelle à en rendre possible sa réalisation. Préparez le chemin du Seigneur quand bien même votre existence traverserait-elle un désert ou seriez-vous éprouvés, blessés ou malheureux... Devant les grands malheurs et les épreuves qui durent, continuer à espérer des jours meilleurs.

Et voilà que l'évangile de Marc redit la même chose : "préparez le chemin du Seigneur, aplanissez la route", crie une voix au désert, celle de Jean-Baptiste le dernier des prophètes. Il proclame un baptême de conversion. Qui n'a pas des choses à changer dans sa vie, des attitudes nouvelles à adopter, des défauts à décaper, des responsabilités à assumer...; des pardons à recevoir ou à donner, des ponts à jeter, des frontières à traverser, des enfermements à briser, le Christ à rencontrer vraiment ?... Des yeux et des oreilles à ouvrir pour être davantage attentifs, un cœur à élargir et du temps à offrir ?... Savons-nous rectifier, rendre droit ce qui est tordu, aplanir les situations ambigües ou complexes ?Favoriser, éteindre plutôt que de rajouter de l'huile sur le feu ?

Oui ! Le message de Jean-Baptiste est toujours vrai ! Quel être humain, quel chrétien nourri d'Evangile, ne se sent pas parfois en exil dans ce monde ? En exil, cela veut dire loin de chez soi, de ses convictions, de sa culture , de ses habitudes ! Alors que nous nous sentons faits pour la Paix, les violences nous atteignent ; pour le respect mutuel, et voilà que l'intolérance s'impose ; pour la recherche de vérité, et voilà que le mensonge s'installe. La liste serait longue de ce qui peut faire de nous des exilés, loin de "chez nous", écartelés entre ce que nous voudrions être et ce que nous sommes, médiocrement... Alors résonne cette promesse qu'Isaïe diffuse : "Voici le Seigneur Dieu... comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur ; et il prend aussi des brebis qui allaitent leurs petits". Le berger n'attend pas les brebis à la bergerie. Il a rejoint le troupeau. Comme Yahvé a rejoint son Peuple au cœur de son exil. Pour lui redonner confiance et Espérance, car Dieu n'abandonne jamais son Peuple. Au cœur des situations difficiles que nous pouvons traverser, n'allons pas croire que Dieu nous abandonne. Au contraire, il nous rejoint et il nous porte…

La deuxième expression retenue est tirée de la deuxième lettre de Pierre : "Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c'est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice". L'Avent nous invite à espérer qu'advienne ce ciel nouveau, cette terre nouvelle. Il s'agit d'une transformation lente, progressive, dont le Christ sera le complet révélateur, "chemin, vérité et vie". Cette terre nouvelle se bâtit. Beaucoup y contribuent. Jamais assez nombreux... Jamais assez de conviction, de ténacité et de fidélité... La justice ajuste à Dieu, elle accorde aux autres. Cette vertu de justice instaurée sera un des signes de cette terre nouvelle. On qualifie la crise actuelle d'économique et financière, mais n'est-elle pas d'abord morale et spirituelle ?... Les grands repères moraux et idéaux se sont estompés ou sont volontairement effacés !

L'Espérance qui anime et soutient les chrétiens ne relève pas d'un savoir démontrable, mais d'une confiance en Dieu fidèle et sûr. L'Eglise dont nous sommes membres marche en compagnie de l'Esprit Saint. Celui-ci est à l'œuvre. Il construit, au milieu des misères et des scandales, les amorces de ce renouveau définitif. Ne l'entendons-nous pas au fond de notre conscience nous appeler à lui donner un coup de main, à prendre aussi notre part ? Savons-nous discerner dans les bruits et les brouillards du Monde les signes de l'avènement de ce ciel nouveau et de cette terre nouvelle ? De fraternité universelle, de respect absolu de la dignité de tout être humain ?

La troisième expression est celle de Jean-Baptiste dans l'évangile de Marc : "Voici venu derrière moi celui qui est plus puissant que moi". Jean-Baptiste annonce le Christ. Il lui ouvre la route. Jésus le Sauveur va inaugurer le monde nouveau. "Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales... Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint". Engagé et humble, Jean-Baptiste s'applique à lui-même les exigences de vie qu'il recommande aux autres. Sincère et vrai jusqu'à en mourir. Servir les autres comme Jean-Baptiste, c'est-à-dire en s'effaçant pour qu'ils grandissent et s'épanouissent.

Frères et sœurs, nous savons qu'aujourd'hui il nous revient d'ouvrir la route au Seigneur. L'Esprit Saint a l'initiative dans les cœurs, il prépare déjà le monde à venir et pourtant le Christ ne peut être connu des hommes que si des témoins, à la suite de Jean-Baptiste, savent parler de lui, le présenter, et diminuer, s'effacer devant lui. Nous avons été baptisés dans l'Esprit Saint. Déjà nous participons au monde nouveau créé par la venue du Christ, nous attendons son retour et nous l'annonçons jusqu'à ce qu'il vienne.

Ah ! Si on mettait autant d'ardeur et d'ingéniosité à faire circuler les idées du Christ sur terre qu'on est en train d'en mettre pour affronter les défis déclenchés par la crise financière mondiale ! Isaïe lui-même, avec ses ravins à combler, ses montagnes à abaisser, ses rectifications de passages tortueux, n'en reviendrait pas !

Conclusion : avec le psaume 84, redisons :

"Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.

Amour et vérité se rencontrent. Justice et paix s'embrassent.

La vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice."

Amen.

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