L’homme est naturellement attiré vers le ciel…

…, je l’ai constaté de nombreuses fois au contact de pratiquants de la religion animiste que j’ai côtoyés en Afrique. En découvrant la Grèce antique lors d’un voyage sur les pas de saint Paul, j’ai été bouleversé par ces monuments gigantesques érigés sous l’impulsion d’une foi spontanée en ces dieux garants d’une vie personnelle et collective. Ces édifices de pierres transportées, taillées, assemblées, disent combien ces peuples ne comptaient pas que sur leur courage et leur force, mais aussi sur leurs dieux, en fonction de leurs besoins humains.

En arrivant à l’Ermitage Saint-Walfroy et au récit de ce que raconte de la vie de saint Walfroy l’historien Grégoire de Tours, j’ai retrouvé les traits qui caractérisent l’attrait naturel pour le ciel de ce peuple habitant la colline au-dessus de Margut, adorant la déesse Arduina, protectrice de la forêt et des vivants qui y habitent. Au moment où nous chrétiens allons à nouveau fêter à Noël l’Incarnation, la venue sur terre de Dieu lui-même, créateur de tout l’univers et Père de l’humanité, ce n’est plus seulement l’homme qui lève les yeux au ciel et qui « façonne » celui qu’il cherche. C’est Dieu lui-même qui vient habiter notre condition et ce faisant nous révèle son visage, ses pensées, son cœur, à travers Jésus fils de Marie et son divin Fils. La naissance de Jésus de Nazareth dans les circonstances que les textes bibliques nous racontent nous montre combien Dieu tenait à se faire connaître en réalité. On peut donc dire que la recherche de Dieu trouve sa réponse dans la phrase que Jésus prononcera un jour : « Qui me voit voit le Père »… « Le Père et moi, nous sommes UN »…Après tous ces siècles de quêtes et de tâtonnements de tant de religions naturelles, sincères et méritoires, Jésus, venu du Ciel, envoyé de Dieu, pourra déclarer : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie »…

Pourtant Jésus ne vient pas clore et rendre inutile le voyage de la quête de vérité dans lequel chaque être humain est embarqué. Au contraire, ne sommes-nous pas tous et toujours invités et mobilisés à confronter nos aspirations et nos convictions humaines à ce que nous apprenons de Dieu par les pensées, les actes, les comportements à contrecourant pratiqués par Jésus ? Avec Jésus la puissance devient service, la conquête devient conversion, le paraître devient vérité, le dû devient don, le mérite devient grâce, la pauvreté est richesse, le sans-voix et le sans-toit deviennent dignes d’attention… Tout être humain devient un frère ou une sœur, le lointain devient proche…

Les gens qui ont entendu Jésus et ont cru en lui, qui ont incarné dans leur vie ce qu’il incarnait dans la sienne, ont inauguré une façon très nouvelle d’envisager leur parcours terrestre. Les apôtres assistés de l’Esprit ont édifié et accompagné la formation d’une communauté universelle des « chrétiens » amis et disciples de Jésus. C’est ainsi qu’a émergé peu à peu ce que l’on peut appeler une civilisation chrétienne, c’est-à-dire un logiciel commun auquel se réfèrent les « croyants en Jésus » pour exercer leurs diverses facultés humaines et assumer leurs responsabilités.

Il faudrait maintenant dresser la liste des influences exercées par le christianisme sur les cultures, les modes de vie collective, les initiatives créatrices, au long de l’Histoire… Les racines chrétiennes de la vieille Europe en sont un exemple évident. Noël est donc un événement capital, pas seulement pour les chrétiens, mais aussi pour toute l’humanité ! Noël, c’est donc remercier Dieu le Père pour ces vingt siècles d’apport du christianisme à l’Humanité. Mais c’est aussi prendre conscience individuellement et collectivement de tous les chantiers du monde où des progrès, des changements, appellent les gens de bonne volonté à se mobiliser. Ce qu’a généré la foi chrétienne est considérable. Ce qu’il faut poursuivre appelle chacune et chacun à se sentir « embauché ». La route sera longue ; elle exige du courage et de la confiance. La Parole et le Pain de Vie du Christ nous ravitaillent et refont nos réserves d’Espérance en nos cœurs !