Dieu : Alpha et Omega

« Je suis l’Alpha et l’Omega », est-il écrit dans le Livre de l’Apocalypse au chapitre 1 verset 8. « Principe et fin de toutes choses, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Maître de tout ».

Définir Dieu comme la totalité de l’alphabet grec signifie que toute chose et tout être ont un rapport à Dieu. Il n’y a rien qui ne le concerne pas. Dieu est l’ensemble du déroulement de l’Histoire : passé, présent et avenir.

Pour autant que Dieu soit présent par tout l’univers, Il n’est pas identifiable au monde visible et sensible, tout en ayant un rapport permanent à lui.

Dieu est à l’origine. Il est aussi Celui vers qui tout est appelé à converger.

La toute-puissance de Dieu pourrait être considérée comme une menace, une limite à la liberté et à l’engagement responsable de l’homme. Elle pourrait laisser penser que Dieu a tout prévu du parcours de l’Humanité et que celle-ci a pour feuille de route de réaliser ce parcours les yeux fermés, avec fatalité. Or tout être humain, dans sa liberté individuelle et la clairvoyance de sa conscience, peut s’en écarter. La puissance de Dieu est de détenir en lui-même la totalité des faits et choix de l’Histoire, puisque sa pensée recouvre tous les temps en étant éternelle, c’est-à-dire sans aucune limite spatiale ni temporelle, ni bien sûr matérielle.

Gardons-nous de nourrir en nous une conception de Dieu agissant avec nous les humains comme un marionnettiste avec les personnages qu’il dirige au moyen de ficelles ! Créés à son image, nous avons vocation à lui ressembler par nos choix, nos décisions, nos pensées et nos actes, dans nos relations aux autres et à l’univers. Dieu existe par lui-même ; nous, humains, existons par les autres, à qui nous devons la vie et tout ce qu’ils nous transmettent. Dieu a beau être regardé comme l’Etre suprême, origine de toute vie, de tout souffle, Il ne surplombe pas l’Humanité du haut de son balcon céleste, Il est descendu Lui-même dans les arènes de l’aventure humaine pour s’y mêler, y prendre part concrètement et témoigner au vu de tous de la façon de déployer son humanité.

Grâce à Jésus de Nazareth, nous en savons plus sur Dieu, puisqu’au détour des chemins qu’il a sillonnés, des foules auxquelles il a parlé en paraboles, grâce à ses actes, ses attitudes, aux guérisons et aux pardons qu’il a accordés, il a soulevé pour nous le voile qui nous cachait Dieu que les philosophes et sages du monde entier cherchaient depuis toujours avec passion et approximation. Jésus nous apprend ainsi que la puissance de Dieu ne se déploie pas dans la violence ni dans le passage en force, dans la menace ni dans la peur, dans la punition ni dans la répression, mais dans la confiance, la bienveillance, la miséricorde et le pardon. Car, nous apprend Jésus, le Créateur, alpha et oméga, est aussi un Père, pas seulement pour Jésus mais aussi pour tous les êtres humains de toute la surface de la terre et de toute la durée de son histoire. « Père du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. Tout m’a été confié par mon Père ; personne ne connait le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. »

Cette toute-puissance et omniprésence divine peut avoir parfois poussé les êtres humains à se rebeller, à effacer toute trace divine de la création. Le mythe de la création nous raconte déjà ce refus d’obéir à Dieu et de se soumettre à ses lois comme une émancipation sans laquelle nous ne pourrions pas nous sentir libres et responsables de nos existences et de celle du monde. Je me demande souvent si celles et ceux qui se déclarent incroyants et méfiants en ce Dieu ne le sont pas parce qu’au lieu de le regarder comme libérateur de notre dignité, ils pensent au contraire que Dieu les envahit de sa toute-puissance intrusive !