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Les billets du Père Lucien Marguet
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16 janvier 2021

Bonne et mauvaise peur

 

Pour afficher ce qu'ils appellent leur liberté qui les rend capables de s'affranchir de toutes les règles sociales imposées, ces insoumis clament souvent haut et fort que leur ligne de conduite est de rejeter toute peur. Accepter d'être guidé par la peur serait pour eux une lâcheté et une forme de renoncement à leur personnalité.

On aura vu, pendant la pandémie virale, de nombreuses infractions aux consignes sanitaires décidées par les autorités civiles sous le prétexte de s’affirmer libres et responsables, affranchis des peurs de diffuser la maladie ou d'être soi-même contaminé. Peu à peu, cependant, cette peur ambiante a déverrouillé les consciences de gens dont les premiers réflexes avaient été de se montrer forts en refusant les masques et les gestes de distanciation. Cette forme de peur n'était plus seulement négative, mais elle s’avérait constructive puisqu'elle informait des dangers encourus et des façons possibles de les éviter. Vu sous cet angle, le sentiment de peur doit être considéré comme une chance puisqu'il éveille l'attention et alimente la liberté pour choisir et agir. Seuls les inconscients penseront avoir raison en s'affranchissant des normes en vigueur. Ce qui est une posture très individualiste, voire égoïste, puisqu'elle s'extrait et se désolidarise de tout contexte social, dans lequel "l’autre" et le "nous" sont tout aussi importants que le "je" et le "moi"…

Alors que l'ambiance culturelle inoculait cette idée générale que l'Humain détient tous les moyens de s'en sortir par lui-même, grâce à ses capacités cognitives et technologiques, la pandémie de la Covid, imprévisible et sournoise, a semblé dépouiller chacun de ce qu'il croyait détenir d’invulnérabilité. N’a-t-on pas vu des soignants parmi les plus titrés avouer humblement ne pas "savoir", tout en confiant cependant qu'ils apprenaient sur le virus toujours plus chaque jour ? Ainsi donc le sentiment de peur peut enfermer et paralyser, mais il peut aussi aiguiser le désir de chercher à connaître et comprendre jusqu’à décider d'en supprimer les raisons d'être. On s'est aperçu que la pandémie ne faisait pas que des dégâts physiques, mais aussi psychologiques et moraux. À force de s'insinuer et de s'installer en permanence, d'être diffusée, la peur de la maladie a pu dans les esprits se transformer en "peur de l’autre".

Peut-être que le climat d'incertitude que nous aurons tous traversé nous aura davantage appris la prudence et invité à pratiquer plus souvent l'humilité et le tact dans nos relations humaines. Pour celles et ceux d'entre nous qui se montrent trop souvent sûrs et certains en paroles et en actes, affirmatifs dans leurs propos jusqu'à apparaître dogmatiques, un peu plus de peur et de stress, un peu moins d’auto-satisfaction ne serait-il pas un avantage d'abord pour eux ? Comment ne pas s'affranchir réellement de ces peurs ambiantes et multiples en mettant à profit ce que cette période chamboulée nous aura appris sur nous-mêmes et les proches, les peuples lointains puisqu’on aura tous été confrontés aux mêmes aléas humains ?

Non, la peur n'est pas toujours mauvaise conseillère, elle peut même bien nous enseigner et nous initier à la "Vie".

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