Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Archives
Newsletter
2 avril 2021

Il faut retrouver les fondements du « vivre ensemble »

 

A force de réclamer une liberté individuelle et un subjectivisme généralisé en pensées et dans les actes, débranché de tout lien aux autres et à une vérité objective, on en vient à une société atomisée où chaque membre se considère autosuffisant, autonome et auto-entrepreneur, une société dans laquelle il n’y a plus de liens établis ni d’interdits communs, ni d’objectifs ni de valeurs références pour tous, et encore moins d’idéaux partagés !

Certaines voix réclament un retour de la morale à l’école et de ce moment consacré à rappeler les principes citoyens du vivre ensemble républicain qui inaugurait chaque journée dès l’accueil matinal des élèves. Ce qui serait déjà une réaction salutaire. Mais il me semble que le malaise actuel est plus profond. Il porte sur le droit des institutions actuelles à nous « dicter » une conduite, à nous dresser une liste de droits et de devoirs, d’interdits et de permis : « Par quel pouvoir m’intimez-vous l’ordre de me conduire ainsi dans ma vie alors que mes pensées, mes actes, mes comportements ne regardent que moi, et que mon corps et ce qui le concerne ne relève que de ma responsabilité ? », objectent à tort, selon moi, aujourd’hui beaucoup de gens mus par la vague déferlante de l’individualisme.

La crise actuelle dont la violence est un des signes me semble appeler à réfléchir et à redéfinir les fondements et l’origine de toute vie personnelle, sociale, familiale et internationale. Si l’on admet facilement que l’altérité et les différences individualisent les êtres humains, elles ne leur ôtent nullement les liens qui les unissent par leur commune nature humaine. Sous le prétexte des différences, chaque citoyen du monde peut être tenté de se forger ses propres valeurs et de se tracer un chemin sur lequel il n’est redevable qu’à lui seul de ce qu’il fait. Or nul n’est convié à devenir seulement un « individu », mais bien plus une « personne » dont l’existence a certes vocation à être autonome, mais aussi à être reliée aux autres par un contrat social affichant des droits et des devoirs, des services et des bénéfices.

Le slogan en tête des manifestations de la fameuse année 1968 n’était-il pas « Il est interdit d’interdire » ? Ce « programme » a peu à peu produit ses effets que nous voyons : chaque individu est seul auteur de sa pensée et de sa conduite morale et sociale, en l’habillant si besoin d’un costume culturel convenable… Quant à Dieu, il a été oublié, éliminé des listes de références, avec les élus sans cesse contestés dans l’exercice de leurs pouvoirs, l’expérience, les transmissions, les traditions dévalorisées jusqu’à suggérer l’obligation pour quiconque de recommencer tout à zéro, et de sombrer dans l’illusion que le présent efface et discrédite le passé nécessairement. Aussi chacun et chacune doit-il tout inventer de son chemin de vie quand toute forme d’héritage est a priori disqualifiée.

Je vous le dis, il est des « impasses » dont il faut sortir de toute urgence…

Publicité
Publicité
Commentaires
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité