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Les billets du Père Lucien Marguet
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2 avril 2021

Dimanche de la Résurrection

 

 Actes 10 34a-37-43 - Corinthiens 5 6b-8 - Jean 20 1-9

 Personne n’aime la mort, moins encore celle entraînant la disparition d’un proche. Or ce que nous célébrons en cette fête de Pâques, c’est que désormais, à la suite de Jésus, nous croyons en vérité que notre vie actuelle ne débouche pas sur le néant. Elle se poursuivra autrement, transformée et transférée, transposée en Dieu. La vie temporelle et locale est destinée à l’Eternité. A la suite de Jésus, nous serons « ressuscités » et vivants dans l’Amour. Le chemin le plus court et le plus sûr pour aller à ce rendez-vous final, c’est celui que Jésus a indiqué en disant de lui : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ».

 

* * *

 

Nous sommes des êtres humains physiquement constitués de cellules vivantes. Nous sommes instinctivement attirés par le concret, le visible, l’audible et le sensible. Nous voulons savoir, comprendre d’une façon logique avec des preuves et l’expérience. Ainsi tant que, dans les récits bibliques, l'on voit Jésus naître, vivre, choisir, agir, peiner, pardonner, parler, souffrir et mourir, Il nous parait proche parce que pleinement homme. Quand l'on entend dire qu'il est sorti du tombeau vivant, qu'Il est ressuscité, comment alors imaginer et adhérer à cette réalité pour laquelle nos sens et notre Raison se déclarent inadaptés ?

Or, si le Christ a passé la mort, alors tous les êtres humains aussi ! Ces parents qui m'ont donné la vie et à qui je dois tout, ce jeune qui s'est tué en moto sur la route des vacances, cet enfant plein de joie et de vie décédé brutalement... Nous reverrons-nous au-delà de la mort ? Oui ! Ce désir ancré en nous de retrouver les personnes qui ont tant compté quand la terre et le temps étaient notre commune maison est-il objectivement fondé ? Allons-nous mieux poursuivre ailleurs ce que nous avons petitement ébauché ici ? Allons-nous pouvoir continuer notre conversation parfois difficile, souvent heureuse, interrompue brutalement d'accident ou progressivement de maladie, jusqu'à devenir en parfaite communion en Dieu avec eux ?

J’entends les objections opposées à la Résurrection de Jésus... L’ardent désir des Apôtres de revoir Jésus ne s'est-il pas traduit pour eux en illusion collective ? Objectivement, tous les récits d'apparition du Christ après sa mort l'attestent, c'est chaque fois Jésus ressuscité qui prend l'initiative de retrouver ses disciples. Il leur impose quasiment sa Présence. Certains ont du mal à le reconnaître. Tous s'étonnent. Certains doutent et veulent des preuves, le voir, le toucher. Tous seront retournés et transformés par ces rencontres. A la mort de Jésus ils étaient habités par la peur et le découragement, après sa résurrection ils vont devenir solides et audacieux. Et depuis 2000 ans l'Eglise universelle rayonne de cette énergie alimentée par cette conviction : "Jésus est vivant".

En réalité, si ce corps auquel Dieu, dès sa conception, a donné une âme singulière – tel un ADN spirituel -, connait un jour la détérioration, tout ce que ce tandem âme et esprit a produit d’humain, de bon, de beau, de Bien, de Justice, va vivre sa plénitude en Dieu d’Amour, à l’image du fleuve qui se jette dans la mer et n’est plus limité par son lit et ses berges…

Mais comment comprendre, dans le Credo, cette phrase : "Je crois en la Résurrection de la chair" ? Cela veut-il nous inviter à croire que nous ressusciterons avec notre corps physique tel que la mort l'aura trouvé ? Non. Il faut comprendre le mot "chair" au sens où St Jean l'emploie au début de son évangile : "Le Verbe de Dieu s'est fait chair et il a habité parmi nous". Jésus est sorti de la Trinité pour revêtir la condition humaine afin de faire des humains des membres à part entière de son Corps. Aussi, notre Résurrection, c'est au Corps du Christ tout entier dont nous faisons partie que nous la devrons. Tous les humains de tous les temps sont donc invités à faire partie de ce corps ressuscité et vivant du Christ. Tout ce que nous aurons vécu de plus évangélique en notre chair, par nos sens et notre humanité, sera transcendé et transformé, transposé en Dieu. Dans le christianisme, non seulement la chair, le Corps, l'histoire, ne sont pas écartés et délaissés, mais ils sont pris en considération, purifiés et sauvés par la grâce de Dieu. "Dieu s'est fait homme pour que par lui l'homme devienne Dieu". Tout ce qui nous configure à Dieu maintenant sur terre préfigure ce que nous vivrons en Dieu au terme de notre vie.

Enfin une autre question : A quoi bon parler de Résurrection quand on est en pleine vie ? N'est-ce pas une perte de temps ? Détrompons-nous, la Résurrection regarde aussi l'actualité et le déroulement complet de notre vie. Comme la destination du chemin compte toujours dans l'itinéraire que l'on prend. Vous arrive-t-il de voyager sans savoir où cela vous mène ? Comme ce serait une erreur de penser que le soleil qui se lève à l'horizon ne nous intéresse pas puisqu'il est si loin, alors qu'en réalité sans lui nous serions dans l'obscurité. Mieux vaut emprunter un chemin dont on perçoit le sens et l’arrivée qu’une autre direction inconnue !

Chaque fête de Pâques est une occasion de se rappeler que la résurrection n'est pas ce qui doit arriver après notre mort, mais une réalité nouvelle qui commence aujourd'hui. Chacun de nous façonne, jour après jour, son visage d'éternité. Comme pour le papillon qui sort de sa chrysalide, il faut du temps pour que l'homme ressuscite, émerge de sa gangue de terre et devienne pleinement un fils de Dieu, un enfant de lumière.

Il s'agit de devenir véritablement un "homme" dont l'espace intérieur est devenu assez grand pour accueillir la vie même de Dieu. L'immortalité n'est pas ce qui arrive après la mort, elle advient, aujourd'hui et maintenant, chaque fois que l'homme se dépasse pour aimer. On entend dire que notre époque veut inventer les moyens de créer un homme immortel. Eh bien c’est fait : quand il est mort, Jésus de Nazareth est devenu Jésus le vivant immortel et éternel. Et il nous invite à le devenir à sa suite.

"Si le Christ n'est pas ressuscité, notre foi (et tout ce qu'elle génère en nous) est vaine", disait St Paul.

Qu'en cette célébration de Pâques notre foi, notre Espérance et notre Amour soient ressourcés dans la Parole et le Pain de vie éternelle partagé à la communion. Que nos visages et nos vies rayonnent du Christ ressuscité et vivant aujourd'hui en nous et entre nous.

Amen.

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