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Les billets du Père Lucien Marguet
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8 novembre 2021

Pourquoi a-t-il accompli ce geste fatal et irrémédiable ?

 

Devant le drame que représente le suicide, chaque personne, en fonction des liens de proximité qu'elle avait avec celui qui s'est ôté la vie, est désemparée devant ce qui peut être considéré comme un choix. Et nul n’échappe à se sentir coupable de près ou de loin en n’ayant pas perçu les signes avant-coureurs d'un tel geste et, pis encore, de ne pas l'avoir différé ou mieux encore empêché. Les proches reconstituent les séquences de l'existence de cette personne dont la proximité permanente n'a pas empêché de garder secrets les tourments et le désespoir débordants !

Même ceux qui lui étaient liés par l'amitié et les confidences n'ont rien vu venir ; aussi leur aveuglement les rend-il meurtris et humiliés. Seul le temps peut leur faire comprendre l'enfoncement progressif et néfaste dans lequel des années durant le désespéré a été entraîné. Un tempérament qui ne retient que les choses négatives, difficiles, pesantes de la vie et qui, de fait, en alimente en permanence ses pensées et ses conversations. Cette personne souvent éprise de perfection se juge trop souvent avec sévérité en se qualifiant de nulle et inutile. Peu à peu elle se convainc que la seule issue est de s'anéantir elle-même pour supprimer les causes de sa mésestime profonde et sans autre remède !

Les gens qui prennent cette décision de mourir ressentent certes de la peine, ont parfois aménagé leur départ, mais ils cultivent en eux la certitude qu'en quittant ainsi le milieu humain, ils permettront aux uns et aux autres, y compris celles et ceux qu'ils affectionnent le plus, d'accroître leur espace de liberté et de personnalité. Un des signes de cet éloignement social et familial progressif qui aboutit parfois à la dépréciation, au mépris de soi jusqu'à souhaiter mourir, est une tristesse profonde que nul plaisir ni joie ne peuvent effacer ! Peut s’ajouter à cette détérioration de l'image de soi, au point de la mépriser, la conviction que l'existence n'a pas de sens et que la mort seule délivre de ce piège dans lequel chacun se débat à compter de sa naissance au monde.

Dans une société sécularisée qui prétend effacer toute pensée religieuse et le nom même de Dieu, l'existence d'un au-delà de la vie terrestre, le suicide peut apparaître comme une sortie volontaire honorable. Puisqu'il n'y a rien après, diffuse la culture ambiante respirée chaque jour par tous, exceptés les croyants en Dieu, qui eux savent que leur vie ne leur appartient pas mais qu’elle leur est confiée ; que cette vie reçue comporte des limites, des faiblesses, des échecs, qu'elle n'est pas toute puissante, mais imparfaite, grâce à Dieu qui lui accorde son pardon, cette capacité de corriger et libérer le passé et d'espérer toujours un avenir.

Il s’agit de consentir aux limites de notre humanité et de croire que Dieu de Vie et d'Amour continue, en toutes traversées difficiles et risquées de nos vies, à être un "Père" pour tous et le socle de la foi, de l'espérance et de la charité des chrétiens qui sont toujours invités à "choisir la vie".

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