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Les billets du Père Lucien Marguet
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20 novembre 2021

Le Christ Roi de l'univers (Année B)

  21 novembre 2021

Daniel 7 13-14 - Apocalypse de St Jean 1 5-8  - St Jean 18 33-37                                                                    

  

Avant de commencer une nouvelle année liturgique par le 1er dimanche de l'Avent, il nous est donné de contempler la royauté du Christ et de méditer sur la puissance dont il se réclame devant Pilate : "Es-tu le Roi des Juifs ?" "Ma royauté ne vient pas de ce monde; si ma royauté venait de ce monde, j'aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs"…

Il est vrai que tout pouvoir a besoin, pour s'exercer, de montrer sa capacité à obliger, à soumettre, de gré ou de force. Dans une Nation, la constitution, le Code Civil font loi. En démocratie, pour gouverner le pouvoir se sert de sondages ou de votes qui dégagent une majorité qui fait loi s'imposant à tous. On va jusqu'à penser que puisqu'une majorité de citoyens est pour tel comportement, une légalisation peut être envisagée, sans que l'on s'interroge toujours sur son bien-fondé. On observe que le pouvoir, ici ou là dans le monde, prend des formes diverses. Il est basé sur l'économique, sur le financier, sur la menace armée, sur la peur, sur la soumission. Il peut priver de la liberté de penser, d'aller, de s'exprimer. Le pouvoir peut être coercitif. Il est parfois maintenu au prix du mépris de droits élémentaires que sont la liberté et la justice, dont les citoyens sont alors privés.Beaucoup en Israël auraient voulu faire accéder Jésus à ce pouvoir politique !

Or le pouvoir que Jésus exerce est d'une tout autre nature. Jésus ne manie pas la menace pour faire des partisans. Il n'est pas séducteur ou démagogue. Il ne fait pas dépendre la vérité dont il témoigne du nombre de gens qui l'accueillent et l'approuvent. Il ne conditionne pas ses paroles, ses actes et sa conduite à l'applaudimètre favorable des foules. Il n'accomplit pas le bien pour gagner des adhérents. Il aime que les gens soient libres pour choisir eux-mêmes de le suivre et de l'imiter. Il éveille, il appelle, parfois il interpelle, il lui arrive de secouer… Il suggère mais n'oblige pas… Volontairement, il limite ses pouvoirs pour associer et mobiliser celui qu'il veut guérir, sauver, libérer… Les symboles de son pouvoir, ce sont ceux du levain, du sel, de la lumière, c'est la voix du berger, le geste du semeur.

Jésus règne par influence et rayonnement. Il a même envisagé que l'on puisse trahir son esprit et s'éloigner de lui jusqu'à faire le mal. Il a prévu le Pardon, la repentance et la réconciliation, le sacrement de la réintégration dans la communion avec lui. Car Jésus ne se situe jamais dans le registre de la domination et de l'obligation, mais dans celui de l'invitation. Il regarde l'Homme dans ses capacités de raisonner, de se repentir, de choisir, d'aimer, de discerner, de se transformer, de s'améliorer, de changer de cap et de vie. Il est patient, lent à la colère et plein d'amour. Jamais il ne veut la destruction du pécheur, mais il souhaite la conversion de son cœur. Aussi loin que l'on se soit éloigné de lui, Jésus garde à tout homme égaré une chance de revenir et de reprendre place dans son Royaume.

Dans une société trop souvent marquée par la force brutale, les conflits, la cupidité, l'individualisme, l'égoïsme, les instincts de domination, le choix du Christ est courageux et prophétique !

Frères et sœurs, comment nous étonner d'être écartelés, nous les chrétiens, entre cette forme de vie que Jésus propose à ses disciples et les rapports de force que le Monde actuel propose quasiment tout le temps aujourd'hui ? Devant l'argent roi, le mensonge déguisé en vérité, la démagogie, la flatterie, la violence pour dominer, comment réagir, résister, proposer des alternatives à la force brutale ou sournoise, à la calomnie, l'hypocrisie, la mauvaise foi, le chacun pour soi… Non ! Ce n'est pas facile d'être à la fois et en cohérence, citoyen du royaume du Christ et citoyen de la terre.

 

La façon de régner du Christ n'apparaît jamais aussi lumineuse que lorsqu'il est conduit devant Pilate pour être interrogé : "Alors, tu es roi ?". Jésus répondit : "C'est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix." La vérité de toute sa vie lui a valu la mort violente de la croix. Pour avoir préféré la toute-puissance de l'amour au choix du pouvoir de la force, Jésus a tracé un chemin de nouveauté jusque là inédit.

 

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