La Covid, l'écologie et les tentations de repli…

Après plusieurs périodes de confinement imposées par les autorités sanitaires et politiques durant lesquelles seuls des moyens de communication audios et visuels rendaient possibles les relations humaines, le bonheur de pouvoir se retrouver en présentiel, au bureau, en église, à l'école, dans la rue, a été ressenti comme une sortie d'exode et une délivrance !

Pourtant cette épreuve collective qu’a été la pandémie n'a pas eu pour effet que de creuser le besoin de "l’autre" dont privaient l'éloignement et les mesures barrières. Ces séquences éprouvantes ont parfois au contraire développé dans les cœurs le bonheur d'avoir du temps à soi seul jusqu'à s’inventer une existence plus solitaire. Cette aspiration à se déconnecter, à s’extraire des conditionnements d'une société médiatique, de contraintes répétitives familiales et sociales a été jusqu'à pousser certains à fuir les villes et à aller s’installer en campagne, au grand air, dans un espace plus vaste qu’un quartier urbanisé. Certains avancent même que leur carte de relations et de réceptions ébréchée par la Covid n'a pas repris sa physionomie d'avant la pandémie. L’habitude de solitude et même d’isolement a été ressentie comme une liberté individuelle appréciée.

Cette évolution bien sûr peut avoir des conséquences : le repli de chacun(e) sur soi, une fragilisation du tissu humain, une perte d'intérêt pour la vie collective et le bien commun, un affaiblissement du goût pour l'engagement. Je pense par exemple au ressenti des citoyens face aux défis climatiques qui viennent s'ajouter à l'épidémie de coronavirus, face auxquels chacun(e) se sent démuni et dépouillé de tous moyens réels de lutter. Même les pouvoirs politiques sont soupçonnés d'incapacité à faire face utilement aux grands problèmes contemporains tels que les menaces qui pèsent sur la Nature, sur les produits alimentaires, les inégalités sociales et internationales et les formes de violence séditieuse qui peuvent dégénérer en conflit...

Enfin comment ne pas ajouter à cette déjà longue liste les flux migratoires qui viennent susciter la peur de l'autre au visage étranger ? Il n'est pas étonnant alors qu'après cette période de pandémie et face aux inquiétudes actuelles et aux questions redoutées dans l'avenir, une culture de repli, chacun chez soi et chacun par et pour soi, devienne un référentiel de valeurs qui inspire des choix et des comportements.

Attention ! Alerte de dérive, de renoncement et de dangers plus importants si l'on se laisse piéger !