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Les billets du Père Lucien Marguet
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18 décembre 2021

4ème Dimanche de l'Avent (Année C)

19 décembre 2021

 

Michée 5 1-4a - Hébreux 10 5-10 - Luc 1 39-45

 

A quelques jours de Noël, les projecteurs de l'Eglise nous font contempler deux femmes dont la vie a été à la fois banale et exceptionnelle. Banale, parce qu'elles ont vécu ce que vivaient quotidiennement les autres femmes de leur temps ; exceptionnelle, parce que leur "oui" à Dieu a contribué à la venue de Jésus dans l'histoire du monde.

Elisabeth est l'épouse de Zacharie, prêtre au Temple. Leur malheur est d'être âgés et de n'avoir pas d'enfant. Or Elisabeth, dont le nom signifie "Mon Dieu est plénitude", comme Sara et Rebecca va concevoir sur le tard et donner la vie à un fils : Jean-Baptiste. Marie, elle, est jeune. Elle a des projets avec Joseph. Et elle vient d'avoir chez elle la vision d'un ange venu lui demander d'être la mère d'un fils à qui il faudra donner le nom de Jésus (Dieu sauve).

Deux situations différentes : l'une va vers la fin de sa vie, l'autre est tout au début de la sienne. Or ces deux femmes vont voir leur existence bouleversée par Dieu en acceptant une maternité qui va orienter leur vie. Toutes deux apprennent que l'enfant conçu en elles aura de l'importance dans le projet de Dieu. Mais il leur faut prendre sur elles de ne pas tout comprendre et d'avoir à s'en remettre à Dieu dans la confiance. Leur foi de juive pratiquante les habitue certes à cette ouverture à Dieu. Il n'empêche que l'ange n'a pas donné beaucoup d'éléments à Marie pour être assurée de ne pas se tromper de choix lorsqu'elle a donné son accord pour devenir la mère de Jésus. Elisabeth n'en sait pas plus sur le rôle que sera appelé à jouer son fils Jean comme prophète chargé de préparer les esprits à la venue de Jésus.

On a raison d'admirer leur disponibilité et leur générosité. Car le "oui" à Dieu de ces femmes était-il si facile ? Et pourtant ce "oui" prononcé par une bouche humaine aura rarement eu tant de conséquences et d'influence sur le cours de l'histoire des hommes ! Ce mot, "oui", exprime une adhésion, un engagement. Il est pesé, mais sincèrement offert. Il n'est pas machinal ni banal. Il engage toute la vie de Marie. Il est don total à Dieu. Sans comptabilité. Sans restriction. Total et global. A l'image du oui à la création où Dieu s'engage pour le meilleur et pour le pire avec l'humanité. Marie donne son accord pour un contrat à durée indéterminé (CDI). Ce oui de Marie ressemble au premier domino qui entraîne tous les autres dominos en réaction en chaîne. Il est un oui croyant, puisqu'elle ne sait pas. Elle ne connaît pas ce qui l'attend dans l'avenir. Il est un oui confiant.

Ce qui est remarquable dans la visite que Marie va faire à sa cousine Elisabeth, c'est que leur relation va leur permettre de se soutenir mutuellement. Elisabeth et Marie forment une petite communauté de vie et de foi. Or on sait tous l'importance de vivre sa foi avec d'autres, de s'appuyer les uns sur les autres.

La confiance et la foi de ces deux femmes peuvent apparaître admirables mais peut-être impossibles à imiter aujourd'hui. La culture moderne marquée par la rationalité, qui prétend à la maîtrise, à la planification, la culture de l'assurance multirisque, de tout savoir et tout prévoir, mine le terrain où se développent la foi et la confiance en Dieu. Et pourtant, que de oui prononcés en réalité, qui, d'étape en étape, donnent à l'existence son dynamisme, assurent sa progression et lui donnent sens.

C'est le oui d'amour d'un couple. Celui des parents qui accueillent un enfant. Ce sont tous les oui qui déclenchent les décisions et les actions. Les oui qui ouvrent des portes et des cœurs, qui dégèlent des banquises, qui invitent à franchir les obstacles, interpellent et appellent, font fleurir les déserts. Pour que le réflexe et l'habitude de tout prévoir ne nous paniquent pas quand l'imprévu, l'inattendu, survient…. Pour que, articulé au besoin de savoir, il y ait place pour le croire, la contemplation de l'invisible et de l'imprévisible…

Marie aurait eu mille raisons valables pour dire non ! Elle aurait pu évoquer ses incapacités, son manque de connaissances… Elisabeth aurait pu douter de Dieu, elle qui avait tant désiré un enfant sa vie durant et qui n'en espérait plus lorsqu'il s'annonce ! Or leur cœur était prêt pour l'inattendu.

En fait, heureusement que l'histoire est jalonnée de personnes dont la foi a été la source de grandes choses. Qui aurait cru que Paul se convertirait sur le chemin de Damas alors qu'il persécutait les premiers chrétiens ? Qui aurait pu se douter du parcours missionnaire d'un Augustin, de la capacité à vivre l'Evangile d'un François d'Assise, d'une mère Teresa ? Qui, en pleine guerre mondiale, aurait pu deviner que des hommes et des femmes travailleraient au rapprochement franco-allemand et à la naissance de l'Europe ? Il faut toujours la foi pour que soient possibles les grandes étapes de l'histoire. Même chez les savants, il faut beaucoup de foi pour continuer à chercher dans la confiance tout ce qui reste à découvrir.

Merci, Seigneur, pour ce témoignage d'amour et de don de soi qu'Elisabeth et Marie nous donnent. Donne-nous la grâce de l'ouverture et de la disponibilité à tes appels, et donne-nous la force de ton Esprit pour y répondre. Soutiens par ton Esprit Saint toutes ces femmes qui aujourd’hui font vivre réellement, avec courage et persévérance, ton Eglise, au sein de nos familles, dans les paroisses, les aumôneries, dans leur diversité.

 

Amen.

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