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Les billets du Père Lucien Marguet
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25 juin 2022

13ème dimanche du temps ordinaire Année (C)

Dimanche 26 juin 2022

1er livre des Rois 19 16-21 - Galates 5 1-18 - Luc 9 51-62 

 

La lettre de Paul aux Galates peut dater de l'an 57. La Galatie, c'est la région de l'actuel Ankara. Paul y développe la théorie de la liberté à laquelle les chrétiens accèdent. "Si le Christ nous a libérés, c'est pour que nous soyons vraiment libres." Attention : Paul ne prône pas une autonomie individuelle et égocentrique. La liberté à laquelle Jésus nous invite nous fait prendre conscience des liens que nous avons aux autres et des responsabilités à leur égard. "Que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme : au contraire, mettez-vous par amour au service les uns des autres." La liberté intérieure, on la trouve lorsqu'on n'a plus besoin d'obéir aux lois à cause de la peur d'être jugé ou de la crainte d'être puni, mais lorsque obéir à la loi devient un réflexe habituel et parce que l'on comprend son sens et son importance. 

D'ailleurs Paul poursuit : "Toute la loi atteint sa perfection dans un seul commandement, et le voici : tu aimeras ton prochain comme toi-même... Je vous le dis : vivez sous la conduite de l'Esprit de Dieu..." La façon de vivre que recommande Paul est le rêve de tout gouvernement d'un pays démocratique : qu'il ne soit pas nécessaire de faire des lois et de réprimer à tout bout de champ leurs transgressions. Qu'il n'y ait plus besoin d'un agent de l'ordre à côté de chaque citoyen pour verbaliser et punir. Que la liberté s'articule avec une conscience éclairée et le sens aigu du devoir. Il n'y a rien de plus triste qu'une société où chacun se laisse aller à ses instincts et au "pas vu, pas pris" de l'individualisme. 

Je vais peut-être vous étonner en disant que la vie chrétienne invite à la plus grande liberté, celle de la conscience. Il n'est pas exigé d'obéir en fermant les yeux. Sans penser. IL s'agit de discerner, certes à la lumière de l'Evangile et des conseils de l'Eglise, ce qu'il nous faut décider et faire. Personne ne peut le faire à notre place. Dieu nous veut conscients, libres et responsables. Il arrive parfois que des personnes hésitent à emprunter le chemin chrétien par peur d'être obligées de suivre des rails. Etre chrétien, c'est au contraire penser et agir parce que Dieu a confiance en nos capacités et se propose de nous aider à les exercer au mieux. "Frères", disait St Paul, "si le Christ nous a libérés, c'est pour que nous soyons vraiment libres"... "Vous avez été appelés à la liberté"...

Ce que l'on constate cependant, c'est que la liberté par l'argent, par la propriété, par le savoir intellectuel, ne donne pas le droit de tout faire sans tenir compte des autres. "Je fais ce que je veux puisque j'en ai les moyens" est une déclaration individualiste qui peut être agressive et même entamer la liberté d'autrui. 

Dans l'Evangile, on retrouve Jésus dans sa montée à Jérusalem où il va subir sa Passion et mourir en Croix. Alors que lui a prêché et pratiqué la tolérance avec toutes les catégories sociales et religieuses, ce jour-là un village de Samaritains refuse de l'accueillir pour faire étape, sous prétexte qu'il se dirige vers Jérusalem. Jésus s'est montré libre tout le temps à l'égard des mentalités communes, des préjugés, des idées toutes faites ; libre de parler à tous, d'agir, d'accueillir, de pardonner. Il n'est pas prisonnier d'un club ni d'un clan, d'une faction. Jésus est libre, accessible, audible, ouvert à tous. Il a un regard et un amour universels. C'est la force des disciples de Jésus : la liberté dans l'Esprit.

Le Concile Vatican II a remis en évidence cette liberté de conscience que Jésus est le premier à respecter. "Si tu veux, viens et suis-moi"… 

La période estivale offre parfois d'aller à la rencontre de gens dont les idées, les coutumes, les façons de vivre sont éloignées des nôtres. Les familles se retrouvent et se découvrent parfois dans des parcours qui évoluent de façons différentes... L'un n'a plus aucune pratique religieuse, l'autre s'affirme athée, l'autre encore est adepte d'une autre religion. Dans quelle famille le droit de penser par soi-même n'invite-t-il pas au respect et à la tolérance ? Pourvu que ces différences et parfois ces distances creusées entre les membres de cette famille soient doublées d'un immense désir de garder les liens, des dialogues, alimentés d'estime et d'affection. Nous sommes confrontés, interpellés, appelés à dialoguer, à chercher à comprendre et, en tout cas, à ne pas juger ni approuver, et encore moins à condamner... C'est cela aussi la force de la liberté, de demeurer ancrés mais libres d'être ouverts et accueillants...

 

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