Moins de prêtres…

Face à la diminution du nombre de prêtres sur le terrain, l’Eglise, en particulier en paroisse, a tendance à planifier ses interventions pastorales en fonction de son emploi du temps et de ses obligations canoniques. 

Un prêtre en paroisse va inviter les « pratiquants » à se regrouper au même endroit central pour y célébrer la messe dominicale. Ne pouvant se démultiplier, il négligera peut-être telle ou telle commémoration liée à l'histoire où viennent volontiers se recueillir des populations qui, elles, ne fréquentent habituellement pas les églises. Du coup, en se recentrant sur le noyau paroissial, les prêtres peuvent rater des occasions d'élargir le cercle des gens à qui annoncer l'Évangile et son actualité, sa pertinence dans la vie actuelle ! 

Je me permets d'exprimer ce souhait que, sous prétexte de leur resserrement numérique, les prêtres ne réduisent pas leur présence et leur action au « chœur » des églises. Si l'Eglise a comme mission première de diffuser et de proposer l'Évangile de vie au monde, alors elle doit d'abord se situer là où la vie humaine se déroule et se débat ! Si les « pasteurs » étaient déconnectés et éloignés des peines, des joies, des projets, des regrets, des espoirs et des déceptions, des événements qui marquent la société, alors l'annonce de l'Évangile et sa pertinence deviendraient anecdotiques ! 

J'exprime ces réserves à partir de l'espace rural où je vois que l'attachement à une paroisse diminue ou disparaît et qu’en revanche les initiatives associatives, sportives, musicales, les cérémonies de mémoire, les fêtes des moissons et autres célébrations liées à la Nature réunissent de nombreux passionnés. 

Bien sûr, en parlant des prêtres dans ce billet, je n'oublie pas la vocation et la mission des baptisés, qui eux aussi sont chargés de témoigner de l'Évangile de vie dans les lieux et milieux où ils évoluent. Si les chrétiens se contentaient eux aussi de « se réfugier » dans les églises et avaient peur de se montrer disciples de Jésus au cœur de leur humanité, alors on pourrait craindre l'avènement d'une Eglise muette et en tout cas disqualifiée dans le déroulement du siècle, ses décisions, ses convictions, ses orientations. 

Plus que jamais, c'est une nécessité de resserrer les liens entre clergé et laïcs en prenant soin de bien caler les rôles de chacun selon sa vocation, avec un constant esprit synodal selon lequel tous sont bien informés et accordés au ministère des autres. Il me semble à ce propos qu’il y a encore trop d'opacité et de rétention d'information et de formation dans la vie de nos communautés chrétiennes locales. En résumé, moins de prêtres ne signifie pas moins d’audace missionnaire !…