Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Archives
Newsletter
3 septembre 2022

Avant tout, respecter…

 

Rien n’atomise plus par implosion le lien social que les gens à l’esprit hermétique, calfeutrés dans leurs idées protégées de fils barbelés ! Ces personnes ou ces groupes ressemblent aux donjons plantées au centre d’un château fort dont le pont-levis est verrouillé. Rien ne les émeut, ni événement heureux ni événement malheureux. Ils sont indifférents, bardés de leurs certitudes qu’ils prennent pour des vérités absolues. Aucune interpellation, aucune objection ni même question ne les touche. Ils sont sûrs d’eux-mêmes, c’est donc à ceux et celles qui pensent autrement de se rallier à eux ! 

Cette posture-là, dogmatique et doctrinaire, n’est pas celle qu’adoptait Jésus dans ses rencontres avec ses contemporains, en chemin, dans leurs maisons ou dans les synagogues. Les disciples de Jésus se veulent ouverts aux autres, quelles que soient les différences qui les distinguent. Leurs convictions, leurs comportements, leurs projets, leurs paroles et leurs actes ne prétendent pas enjamber d’autres façons de penser et de vivre, mais d’abord témoigner avec clarté et sincérité. L’Humain est le chemin commun à réaliser par chacun(e). Dieu lui-même est devenu humain en Jésus pour nous montrer le chemin qui aboutit en lui. Non seulement le chrétien ne craint pas de se confronter à celui qui se définit comme incroyant, athée ou indifférent, mais, bien plus, il s’enrichit à son contact lorsque leur relation est authentique et dépourvue de jugements préconçus ! 

Accueillir, écouter, demande que l’on se décentre de soi en faisant passer ses propres préoccupations après celles que veut bien nous confier d’abord la personne dont on accepte la proximité ! Il faut avec patience attendre que cette personne ou ce couple, cet enfant ou cet adolescent, décharge son sac de bonheurs ou de malheurs. Il ne faut l’interrompre que pour lui permettre de préciser ou de reformuler un aspect de ce qu’il nous confie. Le ton, le débit de la voix, les silences qui accompagnent mettent du relief dans les confidences. Par-dessus tout, l’écoute doit être attentive et bienveillante et ne jamais déformer la pensée intime de l’interlocuteur. Voici plusieurs expériences de ma vie qui m’ont appris cela : 

Lors d’un mariage, j’avais souligné que le couple « avait pris le temps » de se décider à se marier. Le père m’en veut encore d’avoir dit cela, car pour lui mes paroles soupçonnaient une fragilité dans l’engagement durable de ce couple. En réalité, mon message était de souligner l’importance de prendre du temps avant de prendre la décision de fonder un foyer. Et qu’il ait été mal interprété m’a quelque peu blessé. 

Je me souviens aussi de cette personne qui m’avait vivement reproché d’avoir privé de messe un couple parce que l’un des deux avait déjà été marié. Elle en voulait au prêtre soumis aux règles canoniques de l’Eglise. J’ai eu du mal à lui exprimer le fait que, l’un des deux ayant affirmé son incroyance, je me devais d’en tenir compte pour bâtir ce temps de réflexion et de prière demandé à l’occasion de leur mariage civil, et que ce n’était nullement une lâcheté de ma part de les priver d’un service religieux que l’Eglise, disait cette personne, semblait réserver exclusivement aux gens « bien sous tous rapports ». 

Attention donc, résistons à la tentation trop instinctive de projeter systématiquement nos idées, nos émotions, nos impressions, en ignorant ou en falsifiant, en détournant le sens profond de ce que nous voyons ou entendons !

Publicité
Publicité
Commentaires
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité
Les billets du Père Lucien Marguet
Publicité