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Les billets du Père Lucien Marguet
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3 septembre 2022

23ème Dimanche du temps ordinaire (Année C)

4 septembre 2022

Sagesse 9 13-18 - Lettre de St Paul à Philémon 9b-10. 12-17 - Luc 14 25-33 

 

La très brève épître de Paul, alors prisonnier, à Philémon a fait couler pas mal d'encre parce que c'est le seul écrit du Nouveau Testament qui aborde la question des rapports du christianisme naissant avec l'esclavage antique. Onésime, esclave de Philémon, chrétien de Colosses, a quitté son maître et a rencontré Paul, sans doute dans une prison de Rome. Nous apprenons par le texte entendu en 1ère lecture que Paul renvoie Onésime, qui est devenu chrétien, à son maître Philémon. Selon Paul, Onésime, puisque baptisé, ne devrait plus être considéré comme un esclave par son maître Philémon, lui-même chrétien. Il est devenu son frère dans la foi. Paul espère que Philémon saura traiter Onésime comme il se doit, en tant qu'homme et en tant que chrétien. 

Pour Paul, à l'évidence la foi chrétienne a un impact sur les structures sociales. Cette question entre la foi et les œuvres nous intéresse. L'Evangile a-t-il un impact civilisateur ? L'histoire nous montre que "oui". L'Evangile a compté et continue à peser dans l'évolution du monde et le développement de l'homme, sa dignité, sa liberté, ses devoirs et ses droits…. En Afrique, j'ai vu l'impact de l'Evangile sur le développement de jeunes lycéens de religion animiste : ils n'avaient plus peur des esprits vengeurs et découvraient la joie d'être appelés à être libres et responsables. 

La question posée sur le plan global se pose aussi sur le plan individuel. Le fait de croire en Dieu, d'adhérer à l'Evangile, compte-t-il dans nos choix, notre comportement ? On sait que les premières communautés chrétiennes comportaient aussi bien des esclaves que des gens aisés et influents. Le fait de devenir enfants de Dieu par le baptême requalifiait les relations autrement, semble vouloir expliquer St Paul. Dans les premières communautés chrétiennes de Rome, on voit des maîtres affranchir des esclaves et les considérer comme des frères que la foi chrétienne les a fait devenir. On voit des hauts dignitaires de la cour impériale, des officiers, des politiciens, se retrouver dans la même paroisse que les gens de la plèbe. 

C'est peut-être dans cette direction-là qu'il faut chercher le sens de cette phrase énigmatique de Jésus : "Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et sœurs et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple". L'attitude de Jésus lui-même à l'égard de sa famille donne déjà le sens de ce conseil qui peut heurter de prime abord : un jour, Jésus parlait à la foule. On vient l'interrompre : "ta mère et ta famille te cherchent". Et la réponse de Jésus est des plus claires : "Ma mère, mon Père, mes frères, ce sont tous ceux-là qui font la volonté de mon Père qui est aux cieux". Avant la famille terrestre, il y a Dieu. Avant d'être enfants d'une famille particulière, les chrétiens sont enfants de Dieu. Jésus ne dit pas exclusivement ou seulement Dieu, mais d'abord et en premier. Jésus donne la précédence, la préséance à Dieu. Comme le torrent n'a d'eau vive que branché à la source. Pourquoi ? Parce qu'en lien avec Dieu on apprend à aimer vraiment et durablement. Et avec cet Amour reçu on peut être Père, mère, frère et sœur… Aimer comme Dieu nous aime. Il s'agit de se mettre à l'école de Dieu pour aimer par-delà nos humeurs et les limites, les travers de notre amour. Un Amour de meilleure qualité comme l'est celui du Christ. 

Efforçons-nous de connaître et d'aimer le Christ, alors notre regard, notre cœur, nos choix, nos actes bénéficieront de cette relation. D'abord la foi, l'espérance et la charité, puis l'éthique et la morale dans notre vie en découleront. Même le jeune homme riche se trompait lorsqu'il demandait à Jésus : "Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ?" Et le Christ lui dit : "Va, vends tous tes biens et suis-moi". "Suis-moi", mets-toi en route derrière moi, aie foi… D'abord le lien au Christ. La conduite humaine en sera imprégnée, irradiée…

En effet, nous vivons tous selon les principes et la mentalité d'un lieu, d'une époque et d'un milieu, d'une culture, selon des modes de vie, des habitudes et des attitudes familiales. Sommes-nous prêts à préférer Jésus et accéder ainsi à une posture plus favorable pour aimer nos proches ? La famille même de Jésus était-elle en mesure de comprendre son itinéraire jonché de difficultés et à quelle volonté de Dieu il se conformait ? Nul ne peut être disciple s'il n'accepte Jésus comme pilote et guide, premier de cordée de sa vie. Un chrétien accepte d'établir ses priorités, ses valeurs, ses points de repère et d'appui d'après ceux du Christ. Etre attaché à sa famille, y assumer pleinement ses responsabilités, ne doit pas nous priver d'une lucidité sur nos comportements parentaux et familiaux. Sur les influences et les conditionnements qui nous traversent. La famille, le couple, ont, comme toute la vie, besoin d'être évangélisés. Jésus avertit pourtant que le choisir passe par la Croix. Le croyant n'échappe pas à la condition humaine qui croise la souffrance ! 

Les paraboles de l'architecte bâtisseur et du roi chef de guerre illustrent le devoir de "s'asseoir" et de réfléchir avant de se lancer dans l'action. En ces temps de rentrée, de recommencement, des jeunes auront à faire des choix, à orienter leur vie… Des responsables économiques, politiques, des chefs de services auront à prendre des décisions. Des jeunes couples vont franchir des étapes. Que tous le fassent avec sérénité et discernement, intelligence et jugement. Puissions-nous trouver un lieu, u temps, un mouvement, un groupe où nous poser, partager et discerner. Le Livre de la Sagesse insistait en 1ère lecture sur ce point. Parce que notre esprit est limité et encombré de toutes sortes de préoccupations terre à terre, nous devons nous appliquer à scruter le dessein de Dieu sur le monde. En accueillant sa sagesse et son Esprit. Qui n'en a point besoin ? 

"Répands sur nous, Seigneur, la lumière de ton visage, apprends-nous tes volontés". Comme le dit le verset d'acclamation de l'Evangile.

"Par ta Parole et par ton Pain, Seigneur, tu nourris et fortifies tes fidèles : accorde-nous de si bien profiter de ces dons que nous soyons associés pour toujours à la vie de ton Fils" : ainsi terminerons-nous l'Eucharistie par la prière après la communion.

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