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Les billets du Père Lucien Marguet
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9 septembre 2022

24ème Dimanche du temps ordinaire (Année C)

11 septembre 2022

Exode 32 7-11.13-14 - 1ère Timothée 112-17 - Luc 15 1-32 

 

Dimanche dernier, Jésus nous invitait à donner l'antériorité et la priorité à Dieu sur tous nos amours humains, à la façon dont le torrent et la rivière savent bien que leur existence dépend entièrement de la source. Notre vie est-elle envisageable sans être alimentée par celle de Dieu ? 

Aujourd'hui, poursuivons notre visite portes ouvertes chez Dieu. Jusqu'à l'intime de son cœur de Père. Il y a de quoi être époustouflé par cet amour sans bornes, sans conditions, que la parabole dite de l'enfant prodigue illustre magnifiquement. Il y a eu tant de caricatures de Dieu dans l'histoire des hommes. Il subsiste tant d'images fausses du divin ! De tout temps les penseurs ont succombé à la tentation de fabriquer Dieu à l'image de leurs rêves de toute-puissance. Tels les Hébreux fraîchement libérés d'Egypte que Moïse découvre en train d'adorer un veau d'or en guise de divinité, alors qu'il redescend du Mont Sinaï où il vient de réceptionner les dix tables de la Loi. Le besoin de voir, de toucher, et surtout de posséder conduit parfois à imaginer, fabriquer Dieu à l'image de l'homme. Beaucoup de gens se disent athées d'un Dieu qui est une pure fiction fabriquée dans leur tête. Ce Dieu-là n'existe pas réellement. Jésus passera beaucoup de temps à détruire ces images de Dieu caricaturales ancrées dans les esprits. Il révèlera le visage de son Père. Beaucoup de paraboles y contribuent. Celle d'aujourd'hui en particulier, car avant de parler des deux fils elle nous parle du Père et des relations qu'il souhaite entretenir avec eux, le jeune et l'aîné, très différents. 

Le Père supporte l'irrespect de son fils quand, lui demandant sa part d'héritage, il le considère comme mort et le quitte brutalement et sans égard. Partir, l'oublier comme s'il n'existait plus. Un crève-cœur pour le Père, une blessure... Ce Père se demande s'il reverra jamais son fils ! Peut-être en vient-il à se culpabiliser : qu'a-t-il raté dans sa relation à son fils pour que celui-ci éprouve un tel besoin de quitter les siens ! 

Le fils ressent le besoin de vivre par et pour lui-même, sans besoin des autres. Il s'émancipe. Il veut vivre seul sa propre vie, ne plus dépendre. Sa part d'héritage, on peut dire que ce sont aussi les capacités, les dons, les talents. Il va les gaspiller au lieu de les développer. Jusqu'à les épuiser et tomber dans la misère. On peut dire aussi que ce rejet du Père, c'est aussi le refus de Dieu. On accepte ses dons, mais pas lui. On le nie. On prétend s'en passer. L'oublier. Dieu est mort en soi. Le rejet de Dieu conduit au mépris de soi. Le fils garde les cochons, animaux impurs, ce qui est une humiliation pour un Juif ! 

Dans ce dégoût pour sa vie et le regret amer de ce qu'il vient de détruire, il décide de retourner vers son Père. Mais il n'imagine pas son Père prêt à le reprendre comme son fils. Il pense qu'il l'a renié et déshérité. Tant pis, il aura près de lui au moins à manger et un travail de serviteur.

Or, stupéfaction... le cœur de ce Père n'a pas bougé. Il est toujours aussi bon. Accueillant, bienveillant. Prêt à effacer le passé coupable et ouvrir à un avenir nouveau. Dieu ne voit pas comme nous. Dieu n'est pas à notre image. C'est nous qui sommes invités à lui ressembler. 

C'est d'ailleurs ce que n'a pas compris le fils aîné. Etonné par l'accueil chaleureux et festif réservé à son petit frère qu'il avait, lui, rayé de son esprit, il en veut à son Père. Trop bon. Voire injuste avec lui qui s'est toujours conduit correctement. Au fond, il reproche à son Père de n'être pas comme lui. N'avez-vous pas remarqué que c'est souvent ce que nous reprochons à Dieu, de ne pas juger les choses, les événements, la vie, comme nous... 

Ce fils cadet, ce fils aîné, nous leur ressemblons peut-être parfois. Tantôt nous quittons Dieu, tout en profitant bien de ce que nous avons reçu de lui de capacités, de talents. Tantôt nous nous efforçons d'avoir une bonne conduite morale, en faisant le bien, en étant juste. Nous pensons alors acquérir ainsi des mérites et une reconnaissance auprès de Dieu, comme s'il avait une dette envers nous. Dans les deux attitudes nous nous trompons sur Dieu. Il nous aime qui que nous soyons et quoi que nous fassions en bien et en mal... Il continue à nous aimer... Il dépend de nous d'accueillir, d'ignorer ou refuser la grâce d'être aimés de Dieu. 

Le début d'une nouvelle année scolaire n'est-il pas le bon moment pour se redire que l'éducation en famille et dans l'école trouve là, dans les deux attitudes de Dieu, son solide fondement. D'un côté des repères, des valeurs définies, affichées, des règles annoncées auxquelles chaque élève doit se soumettre, dont la communauté éducative doit être témoin et chargée de la mise en œuvre, et de l'autre côté l'école qui, dans les relations et le fonctionnement qu'elle doit instaurer; doit s'inspirer de l'attitude sereine du Père face à l'enfant prodigue qui gaspille ses talents, l'argent de sa famille et son temps, au lieu de faire fructifier ce qu'il a et de s'épanouir. L'école doit également s'inspirer de l'attitude du Père face au fils aîné, vertueux mais devenu prétentieux au point de ne plus partager les sentiments de son Père et d'oser lui reprocher sa mansuétude. En résumé, comme l'amour de ce Père pour ses deux fils très différents est de nature à les faire progresser, une école doit pouvoir accueillir des jeunes dans leur diversité, mais avec la même confiance que chacun conserve toujours un avenir ouvert et positif. 

Il me semble que tout parent, tout enseignant, éducateur et directeur doit incarner, dans ses façons de parler, choisir et décider, ces deux pôles que nous rappellent les lectures bibliques de ce dimanche : pas de flou ou d'à-peu-près qui côtoie le laisser-aller, mais des règles qui donnent à des consciences en formation des repères qui les rassurent et les assurent de se trouver dans la bonne direction et de s'exercer à s'ajuster aux autres. Quant au second pôle, il me semble que si l'équipe éducative est garante des règles établies, elle doit aussi pouvoir témoigner du visage de la Miséricorde et du Pardon, qui n'enferment pas dans la faute commise mais ouvrent à un Avenir meilleur.

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