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Les billets du Père Lucien Marguet
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12 juillet 2023

« Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés… »

 

Des religieux ont été reconnus coupables du délit grave pour lesquelles la justice les a condamnés. Mais en éliminant de force ces brebis galeuses de leur mission d'Eglise, cette dernière tient-t-elle assez compte de l'invitation de Jésus à laisser cohabiter le bon grain et l’ivraie dans le même champ jusqu’à la moisson ? 

Une fois de plus, par ses décisions si catégoriques, l'Institution ne cherche-t-elle pas à sauvegarder l'image de perfection qu'elle a toujours voulu donner d’elle-même ? Par ailleurs, qui peut imaginer que l'Eglise se prémunisse à jamais de membres déviants puisque l'on sait que les tentations et les délits sont liés à la nature humaine faillible et possiblement perverse ? Aussi comment s'assurer par avance que des humains qui se réclament membres de l'Eglise ne dérogeront plus jamais à la droite conduite morale qu’elle enseigne?

Si l’on croit que tous les humains sont soumis au péché et bénéficiaires du salut offert par Jésus, pourquoi l'Eglise voudrait-elle se donner une image de pureté totale ? Comme si elle se situait en dehors de la condition humaine universelle ? A rêver que l'Eglise ne puisse être composée que de gens sans faute, n'est-ce pas mépriser tous ces saints dont le parcours terrestre a ressemblé au chemin de Damas suivi par Paul ? En choisissant Pierre pour présider à l'Eglise naissante alors qu'il avait renié Jésus trois fois de suite, Jésus ne donne-t-il pas un signal puissant que son amour a raison de toutes les trahisons ? Un pécheur conscient de sa lâcheté et désireux de se repentir n'est-il pas bien placé pour témoigner de la miséricorde divine ? La discipline de l'Eglise telle qu'elle peut être aujourd'hui appliquée ne prend-t-elle pas le risque de trahir le message évangélique de l'amour infini de Dieu pour toute l'humanité et la force irrésistible de son pardon ? 

Mon intention n’est absolument pas de prétendre juste ce qui est intrinsèquement mauvais, mais de réclamer de la part de l'Eglise habilitée des signaux diffusant la « miséricorde divine ». Que ces sorties de route dont certains membres de la hiérarchie catholique se sont rendus coupables rappellent à tous que nous devons être vigilants afin de demeurer libres et responsables dans la conduite de nos vies. Personne ne peut, en raison de ses convictions et de sa foi, se percevoir ni au-dessus, ni devant, ni épargné par les limites et les fragilités liées à notre nature humaine blessée par le péché originel. 

Bien sûr Marie et Jésus étaient prémunis mais pas les disciples d'hier ni d'aujourd'hui ni de demain ! Aussi rayer de sa liste de confiance tous les acteurs qui se sont montrés coupables des faits graves disqualifie globalement le bien qu'ils ont pu accomplir par ailleurs et qui mérite notre gratitude envers eux et d'abord envers Dieu. Souhaiter que les masques de l'hypocrisie laissent place à la vérité, même si elle est rude et très décapante, ne peut qu'honorer cette recommandation de Jésus : « Qui fait la vérité va vers la lumière ». Tout repenti qui a payé sa juste dette ne mérite-t-il pas en fin de compte le pardon ? 

En résumé de ce billet, je souhaite à notre Eglise qu'elle consacre ses forces à approfondir ce qu'est la nature humaine afin d'aider ses membres à en user lucidement et avec sagesse. N'est-elle pas un instrument précieux et certes parfois détérioré dont chaque être est doté ? Si ces actes très graves ont été mis en pleine lumière, jugés, condamnés et des démarches de réparation enclenchées, la suite du chemin n’invite-t-elle pas à la nécessité de reconstruire la fraternité dans la dignité ?

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