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Les billets du Père Lucien Marguet
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12 juillet 2023

L’acte libre de « croire »

 

Le choix libre et lucide de croire en Dieu ressemble à ce saut que le parapentiste effectue au moment de quitter la terre ferme et de se confier aux forces porteuses des courants de l'air ambiant. La terre ferme lui donnait une assurance raisonnable. S’élancer présente un risque et en même temps offre des découvertes possibles à condition de consentir au lâcher prise ! 

Le parachute peut être l'image de la place que Jésus et l'Esprit Saint tiennent dans la vie des croyants. Soumis aux vents dérivants et ascendants, le croyant gardera le rôle de résister et de s'orienter : comme le parapentiste, il ne se contente pas d'être porté et transporté, mais, malgré ses désirs et ses engagements, il conserve la maîtrise de ses mouvements et de sa destination. Croire en Dieu n'est en rien démissionner de ses capacités humaines, c'est davantage consentir à leur associer, dans la confiance, la présence active de Dieu. 

Je sais que beaucoup de gens ont mis de côté toute démarche religieuse, la considérant comme une perte de temps et d’énergie, pour se concentrer sur la recherche de solutions aux problèmes qui surgissent dans leur vie et qu'ils estiment pouvoir prendre en charge par eux-mêmes. Penser que Dieu est un recours peut apparaître comme une illusion que beaucoup qualifient d'aliénation. Bien sûr, cette conviction qu'ont les incroyants à pouvoir dérouler leur existence sans Dieu est respectable et peut-être même admirable, au regard de leur humanisme, de leurs qualités et capacités à se « "débrouiller » par eux-mêmes. Mais ne peut-on toutefois leur souhaiter de ne pas écarter trop vite la possibilité de découvrir en cours de route le vrai Dieu qu'ils ignorent ? 

Les émeutes en banlieue avec ces débordements sociaux spectaculaires et détestables nous invitent à réfléchir sur l'état culturel et spirituel de nos sociétés globalisées. Il me semble qu’à ces jeunes casseurs, il a souvent manqué la référence au père, garantie du droit et de la loi, de l'interdit et du permis. Les fragilités conjugales et familiales ont gravement menacé la solidité des liens et entamé toute autorité. Ces jeunes sont des orphelins de la transmission qu’assuraient naguère la culture et la religion d'origine. 

Aujourd'hui Dieu lui-même, par choix, est devenu marginal, et il a donc perdu toute autorité. Il est bien plus ignoré que vraiment enseigné. Il fait partie du passé, même si certaines pratiques culturelles et rituelles assurent visuellement son existence. Dieu garant du respect de l'égalité et de la fraternité n'existe plus dans les têtes, puisque la laïcité elle-même donne l'ordre de ne jamais évoquer son nom en public, mais seulement en privé. L’érosion de l'autorité du père, de Dieu, de l'école, de l'État, ayant peu à peu accompli son œuvre de destruction des repères, des normes, des frontières, comment ne pas s’étonner du fait que les consciences et les cœurs d'êtres lâchés dans les dédales de la vie actuelle soient complètement désorientés ? 

Aussi au milieu de ces désastres, chacun s'interroge sur les causes et surtout les initiatives à prendre pour réparer, reconstruire, affermir des liens brisés ou fragilisés ! Je souhaite que les chrétiens de ces villes lacérées y prennent une part active car leur foi en Dieu, à l'exemple des parapentistes qui se jettent dans l'inconnu, les invite à redoubler de confiance, celle-là même dont toute société a besoin pour sa cohésion et son unité.

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