Synodalité ?

Parmi les tentations auxquelles les prêtres ont parfois succombé dans leur mission pastorale a été et demeure celle de réfléchir et d’agir, de prendre des initiatives sans assez solliciter l’avis et la contribution des « fidèles ». Se montrer courageux et généreux, donner de leur temps et de leur zèle apostolique était pour eux un critère méritant le qualificatif de bon prêtre ! 

Ils oubliaient peut-être qu’ils n’étaient pas l’Eglise à eux seuls et que le Corps du Christ ne se réduit pas à la tête, mais comprend aussi tous les membres du Corps, et que celui-ci ne tient debout et n’avance qu’à la condition d’être uni par une cohésion et un fonctionnement cohérent. Dans cette image du corps pour évoquer la vie de l’Eglise, saint Paul a cette phrase éloquente (1 Co 1, 27) : « Vous êtes le Corps du Christ et membres chacun pour sa part ». Et saint Paul explique alors que si chaque membre du corps a sa fonction propre dans le service du corps, tous sont reliés et animés par la même volonté de le faire vivre. Au chapitre 13, Paul soulignera qu’au-delà de la diversité et des différences, la charité, l’amour de Dieu, reçu et donné, unit et communie, fait vivre le corps tout entier quel que soit le rôle spécifique de chaque organe et de chaque membre. 

Il est remarquable que Paul n’oublie aucune partie du corps, fût-elle la plus modeste (12, 22) : « Les membres du corps que nous tenons pour les plus faibles sont nécessaires… Dieu a disposé le corps de manière à donner davantage d’honneur à ce qui en manque, afin qu’il n’y ait point de division dans le corps mais qu’au contraire les membres se témoignent une mutuelle sollicitude »… Ce texte peut donc nous inviter à penser et envisager l’Eglise comme une diversité et une unité, une communion dans le même Esprit et le même Amour. Aussi personne, pas même les évêques, ni le Pape, ni les religieux, ni les prêtres, ne peuvent être l’Eglise à eux seuls. Fût-ce dans une position hiérarchique, aucun ne peut prétendre se substituer aux autres figures ni incarner l’ensemble. 

Ainsi l’authenticité et la vérité de l’Eglise sont dans la synodalité, qui invite les membres à marcher côte à côte, en synergie dans une visée commune et une charité déployée par chacun(e) au bénéfice de tous ! Etre disciple et missionnaire avec un esprit synodal empêchera certains d’effectuer la confiscation (illusoire) des pouvoirs de décision et de sombrer dans la tentation du cléricalisme. Au contraire, ce qui peut être pensé et décidé en associant d’autres se fera toujours en concertation, en dialogue, et jamais à l’improviste ni à l’arraché. Même le membre le plus modeste ou le plus piquant aura sa place sans qu’il soit disqualifié ou pis éjecté comme méprisable ! 

Ce ne sont pas seulement des communautés paroissiales ou des groupes constitués de fidèles laïcs qui sont appelés à adopter et pratiquer habituellement la synodalité, mais les diocèses eux-mêmes dans leur ensemble ! Cela demande à chacun de renoncer à être tout et de consentir à n’être qu’un particulier à travers la vocation et la mission qu’il accomplit dans un esprit de participation et d’association dans le service du Corps tout entier qu’est l’Eglise.