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Les billets du Père Lucien Marguet
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31 octobre 2023

Heureux…

Fête de la Toussaint

1er novembre 2023

Apocalypse de Jean 7 2-4 ; 9-14 - 1ère de Jean 3 13 - Matthieu 5 1-12a

 

Heureux les soignants des corps, des esprits et des âmes qui accueillent et accompagnent les souffrants de soins bénéfiques appropriés à leurs maux… 

Heureux les enseignants, ardents et patients acteurs de la transmission des connaissances auprès des élèves, petits et grands, qui ne baissent pas les bras devant les difficultés, ancrés qu’ils sont dans la certitude de donner à la jeunesse les matériaux intellectuels et moraux en vue de sa construction présente et à venir… 

Heureux ces élus politiques qui ont à cœur de voter des lois et de les mettre en œuvre dans le but d’améliorer le confort et le bien communs, la paix civile, la liberté et la justice au bénéfice de chacun(e)… 

Heureux les créateurs(trices) et animateurs(trices) d’associations sportives, musicales, culturelles, d’aide internationale, qui donnent de leur temps et de leur argent aux autres et que l’esprit de service habite en faveur de voisins et de peuples lointains… 

Heureux les veilleurs attentifs qui développent en eux un intérêt pour les frères et sœurs humains jusqu’à se tenir prêts à les écouter, les accueillir et les secourir à tout moment, quand bien même cela peut déranger leur vie personnelle, familiale ou sociale ! Je pense à toutes les maisons où l’on s’est serré pour accueillir des réfugiés ukrainiens obligés de fuir leur pays attaqué par la Russie… 

Heureux les commerçants et artisans dont la fonction est de ravitailler, d’améliorer le confort des habitats, de vendre des instruments toujours plus adaptés aux besoins et aux moyens des clients de toute catégorie sociale… 

Heureux les journalistes de la presse écrite, radiophonique ou télévisuelle dont la vocation est de diffuser à tous ce qui doit l’être et de taire ce qu’ils jugent faux ou non prouvé et contraire à la vérité objective qu’ils se sentent chargés de propager… 

Heureux les enfants et les jeunes qui se mobilisent pour élargir leur regard aux dimensions d’autres continents dont la culture étrangère leur devient peu à peu familière. Ils adoptent ainsi progressivement le large regard de Dieu… 

Heureux les pauvres et les faibles, les sans voix et les sans toit, les déçus de projets échoués qui, au lieu de se lamenter sans cesse, se liguent et se réconfortent mutuellement avec confiance et persévérance… 

Heureux les moines et les moniales qui, dans leur abbaye ou leur ermitage, ont consenti à passer leur vie à louer Dieu, à prier pour le monde, à vivre avec joie leur vocation religieuse. Heureux les prêtres qui consacrent leur vie et leur énergie à annoncer l’Evangile de vie tant aux chrétiens déjà rassemblés qu’à tous ceux et celles qui l’ignorent ou s’en sont éloignés… 

Heureux les chercheurs de vérité et de liberté, de générosité qui savent se dépasser et s’améliorer pour continuer leur route quoi qu’il leur en coûte… 

Heureux les baptisés qui ne se contentent pas de réclamer que l’Eglise, les paroisses, les groupes chrétiens soient dynamiques et actifs, mais qui retroussent leurs manches, offrent leurs talents pour prendre leur part de concertation communautaire, animés d’un esprit de communion…

Oui, heureuses toutes ces personnes qui, le sachant ou non, édifient avec le Christ et l’Evangile une humanité nouvelle et améliorée ! 

Dans la vie spirituelle enracinée dans le christianisme, il est un piège dans lequel se sont parfois laissés prendre nombre de croyants sincères et pourtant abusés, c'est celui de positionner sa vie et trop souvent d'en juger la valeur par rapport à un idéal, bien sûr rarement atteint ni même satisfaisant. Des chrétiens se sont culpabilisés et même condamnés, parce qu'ils pensaient que Dieu leur reprochait en permanence de ne pas obtenir la perfection qu'ils se donnaient comme idéal exigé par la foi. En réalité, ils ne s'en remettaient qu'à eux-mêmes pour se fixer la hauteur de la barre et se jugeaient eux-mêmes aussi du fait qu'ils ne remplissaient pas leur contrat. Jamais ils ne se référaient à Dieu pour connaître son point de vue. 

Or, désolé ! Mais cette démarche n'est pas la foi chrétienne ! Elle fait penser à du stoïcisme , elle renvoie à la doctrine janséniste. La démarche de foi chrétienne est une réponse concrète, humble et modeste à un appel du Christ qui invite et appelle sans menace de punition ni d'exclusion si on n'y arrive pas. En effet le chrétien accepte d'avancer parce qu'il a la conviction que Jésus est le soutien de sa réponse, parce qu'il a conscience que s'il tombe en panne en cours de déplacement, Jésus le relèvera et lui fera de nouveau confiance. 

Jésus nous révèle intérieurement que, quels que soient les écarts, les méandres, les faiblesses et les erreurs, il demeure un compagnon de la route. L'attitude chrétienne alors ne génère plus un sentiment d'abandon ou de condamnation, mais de compassion et de miséricorde. A force de viser un idéal dicté par les lois du permis et du défendu, du meilleur, les chrétiens ressentent leurs imperfections et leurs ratés comme des échecs personnels dont ils ont honte et qui les éloignent de Dieu. 

Dans le domaine de la vie spirituelle, individuelle, conjugale, familiale et même sociale, les chrétiens sont d'abord invités à se sentir aimés par Dieu et toujours rejoints par lui, que ce soit dans les moments de régression ou d'égarement ou dans les séquences plus lumineuses de progression. Car l'amour de Dieu s'exprime autant dans l'action de grâce que dans le pardon et la réconciliation. Il n'est pas une récompense conditionnée au bien accompli et à la perfection recherchée. Il n'est pas retiré après un péché. Au pécheur il revient d'en être convaincu, de l'accueillir et d'en bénéficier comme d'un tremplin pour continuer le chemin, avec cet amour divin comme énergie et appui. 

Plusieurs paraboles racontées par Jésus nous révèlent le cœur miséricordieux de Dieu. Les conclusions du pape François, à la suite du synode sur la famille, contenues dans le document "La joie de l'Amour", invitent les chrétiens à inspirer leur vie dans le cœur de Dieu, à consentir à leur humanité avec ses réelles limites et ses possibles imperfections, à croire, en confiance sans réserve, en la toute-puissance et la permanence de l'Amour divin, en toute circonstance de l'existence. 

Pour les prêtres, chargés d'annoncer la Parole de Dieu et le chemin humain que Jésus propose, attention de ne pas proposer des horizons et des itinéraires impossibles à réaliser et culpabilisants si l'on n'y parvient pas. Enfin, face aux échecs, il est important de trouver les paroles et les actes qui signifieront qu'il y a toujours un avenir meilleur et plus beau pour succéder à un passé jonché d'ornières et traversé d'obscurités. Songeons à Pierre qui a renié et à Paul qui a persécuté… 

Développons en nous les savoirs avec notre Raison qui apprend, analyse ; n’oublions jamais de discerner et de choisir, ce qui nous donne d’être libres et d’agir avec sagesse ; enfin, efforçons-nous d’être saints en imitant Jésus et les saints qui ont suivi son chemin jusqu’à leur passage final vers la vie éternelle.

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