Royaume ? Règne ?

Jésus n’a jamais réclamé de posséder un royaume, une terre, des citoyens encadrés par des lois et obéissant à une structure politique. Il est venu proposer à l’humanité de vivre en conformité au projet de Dieu. 

De fait, la proposition de la foi en Jésus n’est pas liée à un pays, une terre, des coutumes, une structure économique ou politique particulière, car on peut vivre en chrétien partout et en toute époque. La foi en Jésus se propose à tout être humain  - « Viens et suis-moi » -, quels que soient sa race, son âge, son origine, son milieu social, sa fonction dans la société. Nulle part il n’est d’endroit ciblé et désigné qui inviterait les chrétiens à s’y regrouper pour se doter d’un espace de vie préférentiel ! L’Eglise ne peut encourager les disciples de Jésus à former un groupe homogène, extrait de la société dans le but de former une communauté prémunie de toutes les contagions auxquelles, située au cœur du monde, elle est exposée et confrontée. Il me semble que l’Eglise catholique, à la suite de Jésus, choisit de vivre en « itinérante » sur les routes du vaste monde et qu’elle n’a pas de « pierre où reposer sa tête ». L’Eglise n’a pas de pays, de nation, de continent où elle aurait pour projet d’établir un Royaume qu’elle présiderait. En revanche, elle a pour mission de diffuser l’Evangile de vie de Jésus en tout pays et en toute époque. 

Aussi ce message venu de Dieu et incarné par Jésus est destiné à s’insérer dans toute séquence de l’aventure humaine, à être traduit et inculturé en toute langue, à féconder tout mode de vie en gardant la visée « libératrice » dont il est porteur. Se convertir à l’Evangile et à tout ce qu’il nous révèle de la vie humaine et de Dieu selon Jésus est donc possible à tout citoyen du monde, même si les conditions dans lesquelles celui-ci se trouve sont très différentes, parfois très éloignées, voire opposées aux signaux reçus de l’Evangile. Personne ne peut devenir disciple de Jésus sans avoir connaissance de ce qu’il est et du chemin de vie qu’il propose de faire à sa suite. 

« Que ton règne vienne », nous fait dire la prière du Notre-Père. Ce règne de Dieu advient par le « oui » à Jésus de celles et ceux qui choisissent de le suivre, s’en réfèrent à lui et à son Esprit dans la conduite de leur vie lorsqu’il leur fait dire « oui » ou « non » et en tirer concrètement les conséquences. L’Eglise n’a donc pas à établir ni à gérer la société comme un roi le fait depuis son trône. Elle a toujours à relayer et diffuser l’invitation que Jésus continue à adresser à tout être humain dont les oreilles, le cœur et l’âme sont sensibles à ses messages de liberté, de respect, de dignité, de pardon et d’Amour que les baptisés ont la coresponsabilité de répandre sur la terre entière, en commençant par leurs proches. 

On comprend donc que l’Eglise n’a pas mission d’édifier un royaume chrétien bien identifié. Elle a toutefois pour devoir de proposer les clés du « Règne de Dieu » qu’est venu confier Jésus-Christ, Fils de Dieu.