Civilisation ou dé-civilisation !

Durant le spectacle affligeant des violences devenues quotidiennes et généralisées, certains ont employé le terme de « dé-civilisation ». Au lieu de progresser vers toujours plus de relations sociales et communautaires saines et productives d’humanisme, nos sociétés occidentales régresseraient vers des états instinctifs et primitifs ! Cette simple constatation faite à partir de faits objectifs, négatifs, nous révèle que nos sociétés, qualifiées parfois « de progrès » en raison de leurs capacités scientifiques et techniques, nous amènent à redéfinir ce que l'on appelle une civilisation ! 

Sans omettre les bienfaits des améliorations de la production de biens matériels et l’élargissement au plus grand nombre de leur consommation, ne doit-on pas s’interroger sur les systèmes sociaux et démocratiques qui assurent le vivre ensemble de populations d'origines culturelles diversement inspirées ? Le monde actuel ne vit plus chacun chez soi en référence à ses seules traditions particulières. L'Humanité est désormais mélangée et se doit, pour survivre, de définir des moyens de réguler la coexistence la meilleure possible. 

En démocratie, les lois votées par des citoyens élus font les droits et les devoirs. Le cadre légal indique à chaque citoyen ce qui lui est possible de penser, de diffuser et de faire, et ce qui lui est interdit d'envisager. La liberté civile est encadrée, sauf à la renier pour lui préférer ce que l'on se fabrique soi-même. Le Code civil assimilé et accepté permet un vivre ensemble serein et pacifique. De plus il me semble que tout citoyen a aussi besoin pour sa vie conjugale, familiale, professionnelle et sociale de puiser à une source morale, dans une foi religieuse ou philosophique, l'énergie et le souffle pour tracer, debout, son chemin d'homme et de femme en cette époque complexe, explosive et mouvante. 

Se montrer tolérant et même bienveillant vis-à-vis des autres ne suffit pas. Plus que jamais, nos sociétés plurielles doivent s'exercer à la négociation afin de trouver des compromis sans renoncer à leurs convictions humanistes. Je veux dire par là que le progrès de l'humanité augmentera lorsque nous parviendrons à rejoindre vraiment les autres, à côté de nous, non pas seulement comme des citoyens soumis aux mêmes lois et règlements, mais bien plus encore comme des êtres semblables à nous, à des frères et des sœurs de la même humanité créée par Dieu à sa ressemblance ! Seule plus de fraternité au-delà de toutes les barrières nous apportera la preuve que le terme de sociétés civilisées convient pour qualifier notre époque.

 Oui, il existe de multiples formes de « heurts » dans notre société d’aujourd'hui, mais il existe aussi, tellement nombreuses, des situations d'entraide, de solidarité et de fraternité qui montrent que le règne de Dieu de vie, de justice et d'amour progresse dans l'édification, lente mais assurée, du vivre ensemble universel ! 

Alors disons que nos civilisations passent par des crises, mais que la sève qui les génère finit par les transformer en « fruits » qui, de saison en saison, se succèdent….