Personne ne réussit à vivre parfaitement l’amour…

Personne ne réussit à vivre parfaitement l'amour auquel nous sommes tous conviés. L'amour humain a besoin d'être tamisé pour lui enlever ce qu'il contient d'égoïsme et « d’ego" hypertrophié. Car si aimer et être aimé est le désir profond de tout être humain, ce désir peut être soumis à des conditions qui le contrarient ou le corrompent. Tout amour a besoin de grandir, de s'approfondir et d'être purifié afin de reposer de plus en plus sur la liberté et la vérité. 

Or, dans la diversité et la pluralité des peuples et des êtres humains, l'amour est déployé de tant de façons et d’occasions différentes. Parfois l'amour revêt l’habit de fête et de bonheur évident, en d'autres fois l'amour se lit sur des visages tristes devant la souffrance et la mort d'un être cher. L'amour se cultive dans toutes les séquences de l'existence humaine. L'amour conjugal peut connaître des moments d'intensité et de sincérité et subir l’épreuve de la détérioration violente ! L’amour parental peut bénéficier pleinement aux enfants par l'affection qui leur est destinée ; mais s'il est excessif et libéral, il peut les gâter et les laisser pousser comme les mauvaises herbes d’une friche. L'amour offert aux autres, exprimé dans la camaraderie, l’amitié, la solidarité ou la fraternité, peut être hypocrite quand il se contente de n'être qu'apparences. Il peut être intéressé quand il résulte d'un calcul par lequel on attend en retour des privilèges ou des préférences, mais il peut aussi être un don gratuit sans condition de réciprocité. 

Osons affirmer qu’aimer est le moteur principal de la vie personnelle et commune. C'est d'ailleurs ce thème que développe saint Paul dans son hymne à la charité au chapitre 13 de sa 1^ère épître aux Corinthiens : « Aspirez aux dons supérieurs. Et je vais vous montrer une voie qui les dépasse toutes… Quand j'aurai la plénitude de la foi, une foi à transporter les montagnes, si je n'ai pas l’Amour, je ne suis rien… » 

Ainsi tous les êtres humains sont-ils appelés par Dieu, qui les a créés à son image, à ensemencer leur vie de paroles, de pensées et d'actes d'amour. C’est ainsi par exemple qu’il faut comprendre cette invitation du pape François à bénir les couples homosexuels qui le demandent, puisque faire ce geste, c'est inviter chaque personne à développer en elle sa capacité d'aimer et à la rendre toujours plus conforme à celle de Dieu. Personne n'est jamais parvenu à aimer sans erreur et sans limite. Aussi l'unique et ultime référentiel des chrétiens, c'est Jésus, ses pensées, ses paroles, ses actes, ses comportements face aux gens rencontrés et rejoints au cours de sa vie terrestre. Jésus n'a jamais détourné son regard de quiconque, en conformité avec l'Amour que Dieu le Père a pour tout être humain. 

L'Amour parfait qu’est Dieu est présent dans tous les amours humains, qu’ils progressent ou régressent, qu’ils soient puissants ou faibles, durables ou oxydables, incorruptibles ou blessés. Bénir des couples, ce n'est pas qualifier l'amour dont ils vivent. Car Dieu seul peut les connaître vraiment. C'est au contraire les inviter à poursuivre et approfondir leur projet de s'aimer et d'aimer toujours plus et mieux. Il arrive aussi que l'on bénisse non pas des véhicules, mais leur conducteur, non pas des moissons, mais des laboureurs et des moissonneurs, les habitants d'une maison, les enfants et les parents d'une famille, les ouvriers et les artisans, non pas les cartables, mais les élèves qui les utilisent. Ces rites de bénédiction constituent une invitation de la part de Dieu adressée à toutes les personnes et à tous les peuples qui consentent à progresser vers plus d'amour, et donc vers Dieu, origine et fin de tout Amour !