"L'aventure" de L'Arche de Zoé

Il n'est déjà pas facile de faire le bon Samaritain ni de savoir comment aider utilement les plus pauvres de nos cités et les sans domicile en particulier, mais il est encore plus complexe de trouver des solutions durables aux graves problèmes posés dans les camps de réfugiés, tel celui du Darfour. Ces peuples sont situés dans une culture, dans des mentalités, une religion, un contexte social et politique éloignés de nos schémas habituels. Si nous, Occidentaux, nous n'y prenons garde, nous risquons instinctivement de projeter sur ces peuples nos idées, nos peurs, nos désirs, et d'imaginer des solutions à leurs difficultés à partir de nous.

Nous sommes tentés d'agir dans l'urgence sans trop analyser les causes des situations ni discerner les conséquences de tel ou tel choix d'action. Le court terme est alors préféré au long terme. Le recours à une logistique efficace et lourde sera choisi en alléguant que l'urgence d'agir l'exige. On sera peut-être tenté de passer en force si l'on ressent ou pressent des résistances. On se croira en droit de recourir à la ruse et même au mensonge sous le prétexte que la fin, qui est bonne, justifie tous les moyens, fussent-ils douteux !

N'est-ce pas dans cette forme de logistique puissante et par certains aspects violente, sûre de son bon droit, que se sont situés les membres de "L'Arche de Zoé" ? Mon séjour de 7 ans en Afrique m'a appris, entre autres vérités, pourtant évidentes, que l'on ne "sauve" jamais les gens sans leur participation lucide et active. Toutes les associations depuis longtemps sur le terrain en ont souvent fait l'expérience. Se sentir "citoyen du Monde" n'exonère pas du devoir de respecter les lois qu'a tout citoyen d'un pays vis-à-vis d'un autre.