Je me souviens du Père Christian Aurenche…

Le Père Christian Aurenche, décédé à l’âge de 83 ans, était à la fois médecin et prêtre. Membre du clergé parisien, il était rattaché à la paroisse St-Germain-des-Prés. Sur sa demande, Mgr Marty lui avait accordé de partir en Afrique pour accomplir un service de développement et d’évangélisation en partageant sa vie avec les Kirdis, habitants des montagnes du Nord-Cameroun. Tokombéré fut son lieu d’ancrage et de rayonnement, où il avait rejoint celui que tout le monde appelait « Baba Simon », venu lui de Douala au Sud-Cameroun pour parler de Jésus à ces peuples qui pratiquaient la religion animiste. Déjà avec lui la présence chrétienne se traduisait par un partage quotidien et très respectueux de la vie et des traditions de ces peuples, la création d’un lieu de soins et d’une école pour les enfants. Jésus annoncé ne venait pas détruire, mais poursuivre et dévoiler en paroles et en actes le visage de Dieu.

Christian Aurenche, prêtre et médecin, rejoignait le Père Simon Mpéké, en partageant la même conviction qu’annoncer l’Evangile devait apporter une véritable libération à ces peuples que les nomades peules avaient en vain essayé de convertir de force à l’islam. Ils avaient résisté en se réfugiant dans les collines rocailleuses où les chevaux des peuples du désert ne pouvaient les atteindre. Tokombéré attirait ces peuples religieux qui se sentaient respectés dans leur dignité et leur liberté d’adhérer et de pratiquer cette nouvelle façon de se relier à Dieu.

Personnellement, j’ai connu Christian Aurenche dans des rencontres de prêtres dans le diocèse de Mokolo. Ce qu’il disait du développement intégral et des initiatives prises pour le concrétiser partout dans les savanes du Nord-Cameroun m’a conduit à construire un petit centre culturel dans le cadre de la mission qui m’avait été confiée auprès des jeunes de Kaélé. Ce lieu comprenait une bibliothèque, un atelier « outillé » qui permettait de se fabriquer son propre mobilier, un espace réservé à l’enseignement et à la prière, aux conférences. C’est ainsi que Christian, mais aussi le Père Jean-Marc Ela, originaire du Sud, philosophe, théologien et écrivain venu lui aussi rejoindre Tokombéré, sont venus plusieurs fois parler du développement global.

Avec un grand nombre de gens qui les ont connus et appréciés, moi aussi je tiens à honorer Baba Simon, Jean-Marc Ela et Christian Aurenche, pour avoir contribué, chacun pour sa part, à avoir fait de Tokombéré un symbole de ce que l’Eglise accomplit en réponse à la mission reçue de Jésus : « Allez dans le monde entier et de tous les peuples faites des disciples. » Merci à toi, Docteur et Père Christian Aurenche, pour ce que tu as accompli à Tokombéré et apporté à nos mentalités qui te doivent beaucoup. Tu as retrouvé en Dieu Simon et Jean-Marc, fidèles serviteurs, que ces retrouvailles te comblent de bonheur et que ce que vous avez commencé soit poursuivi par d’autres !