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Les billets du Père Lucien Marguet
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1 novembre 2013

Fête des défunts

Le plus grand des mystères d'une existence humaine, c'est quand même la mort, celle des autres, qui nous annonce la nôtre, un jour!

La mort... Qui n'a été ou ne sera, un jour ou l'autre, frappé de cette blessure que seul le temps peu à peu cicatrise, mais qui ne guérit jamais, que génère la mort ? La mort brutale ou attendue, redoutée. Mort subite du bébé, mort violente du jeune, fauché en plein élan vers son avenir. Mort au terme d'une longue maladie. Mort au terme d'une vie accomplie et bien remplie. Mort par la haine, le meurtre, un immense désespoir ! Mort des violences, des guerres. Mort dans les catastrophes. Les médias diffusent chaque jour des images des ravages physiques, moraux, spirituels, provoqués par la mort...

 Toute mort est une déchirure car il était là, et il est désormais absent. Mon regard croisait le sien, je riais avec lui, je pleurais avec lui, je l'écoutais, je le touchais, je l'embrassais..., et c'était réciproque. Il recevait de moi, je recevais de lui. Oui, tout cela est fini ! La mort interrompt la communication des sens et du langage de la vie temporelle et spatiale. L'Espérance prend le relais pour croire autrement vivants ceux que nos yeux ne voient plus concrètement.

 Mort en début, en cours ou au bout du parcours, c'est toujours la mort qui fait tant souffrir ceux qui vivent, et pourtant, n'est-ce pas par la plaie ouverte dans le cœur des vivants que la mort de ceux qu'on aime nous révèle un message essentiel ? C'est quand ils sont inertes que l'on perçoit le prix de leur présence vivante. Leur corps, leurs capacités, leurs paroles, leurs actions, leurs interventions ont disparu pour laisser le silence inviter à méditer, le meilleur éclairer le soir et la nuit.

 Ainsi en a-t-il été de Jésus pour ses proches qui, de disciples qui suivaient Jésus, sont demeurés des témoins du Message, Apôtres du Messager. Ils se sont souvenus de ses paroles, de ses actes, de ses choix. Ils ont alors compris celui qu'ils avaient suivi, écouté, côtoyé, pendant trois ans. La mort en croix de Jésus les a atteints jusqu'à semer en eux la peur panique, mais le matin de Pâques n'était-il pas à ce prix ? D'aller jusqu'au bout du temps pour passer de la vie temporelle à la vie éternelle ?

 St Augustin était évêque en Afrique. Un jour, il célébrait des funérailles dans une paroisse rurale. Après la cérémonie, lorsqu'on mit en terre le défunt, les assistants se mirent à pleurer. Alors Augustin dit à toutes ces personnes qui étaient là :  "Lorsque vous faîtes vos semailles, est-ce que vous pleurez sur le grain que vous jetez en terre ?"

 "Amen, je vous le dis : si le grain tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit", avait dit Jésus à ses proches à quelques heures de sa mort. Nous le savons bien, toute la chaîne de vie d'un épi de blé est contenue dans un grain... Et ce grain trouve sa joie lorsqu'il voit au printemps pousser le blé semé en hiver jusqu'à être moissonné en été. "Celui qui se détache de la vie, la garde pour la vie éternelle". Car c'est au cœur de notre existence mortelle que grandit une vie éternelle faite de don et d'Amour.

 Le départ définitif d'êtres proches et très chers amène à penser plus souvent encore à ceux qui passent sur l'autre versant et découvrent désormais l'univers lumineux qui nous reste jusqu'au dernier instant caché. Eux ont fini la traversée, celle d'une existence plus ou moins longue, éprouvée, risquée. Ils ont découvert la terre nouvelle qui ne connaît plus les souffrances et la mort.

 Ce jour du 2 novembre nous fait égrener les noms de tous ces êtres qui sont déjà partis, dont la liste s'allonge au fur et à mesure que notre âge augmente. Nous avons marché à leur côté, ils nous ont apporté. Ils nous ont devancés.

 J'imagine tous ces gens que nous disons morts et qui pourtant sont bien vivants, devisant, se racontant, désormais libérés des limites de l'espace et du temps, de ce corps qui, de tant de façons, permet ou compromet la vérité des relations humaines. Ils sont dans la lumière et l'Amour chaleureux de Dieu. Je les crois vivants. Et, dans la communion de l'Esprit, nous leur sommes unis. Sur terre, c'est nous qui accueillons Dieu dans la maison de notre vie. Au ciel, c'est Dieu qui nous accueille en sa demeure.

 Oui ! Je les crois heureux des Béatitudes éternelles. Ils sont aujourd'hui totalement dans une existence qu'ils avaient partiellement balbutiée lorsque, sur terre, ils ont accueilli la vie de Dieu en eux. Maintenant, ils sont carrément vivant de Dieu, vivant en Dieu. Et en Dieu, il y a tant de demeures qu'on ne s'y ennuie pas. Il y a tant de gens à découvrir et tant de choses à dire. Tant de paix et de joie à partager !

 Ces morts à la terre sont vivants dans l'Eternité. Ils ne cherchent plus, ils ne doutent plus : ils voient. Ils ne croient plus, ils n'espèrent plus : ils savent…

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