L'humanisme sans Dieu…

A force d'accroître sa confiance en ses multiples capacités et d'assurer par ses propres moyens la satisfaction de ses besoins, l'homme s'est peu à peu affranchi de tout recours à un Etre transcendant. Il n'a plus "pratiqué" le recours à Dieu et progressivement il a pris l'habitude de l'oublier. Ainsi l'homme a-t-il prétendu pouvoir vivre bien, sans Dieu et insensiblement sans les autres, ses semblables. Il s'est cru capable de se forger lui-même une conduite autonome de son existence. Ainsi visait-il à n'avoir de compte à rendre à quiconque, sinon à sa conscience personnelle.

"L'homme moderne" se dit affranchi et prétend de cette façon gagner sa liberté. Il ressemble étrangement à ces enfants qui en viennent, à certaines étapes de leur itinéraire, à oublier leurs parents à qui pourtant ils doivent leur naissance et tout ce qu'ils leur ont transmis de savoirs et de pouvoirs… L'homme contemporain a pris la grosse tête, tel l'enfant dont la marche au départ est hésitante, puis progressivement entièrement autonome. L'un des dangers pour cet homme qui se veut sans Dieu est de penser et d'agir en s'imaginant tout-puissant, quasi invulnérable et immortel… En individualiste qui prétend être l'auteur et l'acteur exclusif de sa propre vie, l'homme sans Dieu court le danger du repli sur soi et de l'égoïsme qui est une forme de mort sociale et de refus des autres. Je pense qu'à répéter et se convaincre que chacun est seul maître à bord de la conduite de sa vie et que nul n'est en droit d'y regarder, la direction est prise de l'isolement mortel.

Certes "l'humaniste sans Dieu", fort et fier de lui, qui puise son énergie en lui seul, peut donner l'apparence, sur une période assez longue, qu'il réussit ce qu'il entreprend et que cela lui donne raison. D'ailleurs Dieu n'est à coup sûr pas jaloux de l'homme qui s'accomplit ainsi. Il aimerait même lui chuchoter à l'oreille, si elle était attentive, qu'Il l'aime, puisqu'Il est son origine. Mais le cœur de cet homme est auto-suffisant et même encombré de soi, entièrement mobilisé par ses projets et leur mise en œuvre, ce qui le rend amnésique sur son origine et aveugle sur sa destinée finale !

Force est de constater que, pour se reconnecter sur la voix de Dieu et retrouver le bonheur d'avancer par Lui et les frères et sœurs en humanité, il faut souvent du temps, de la patience et des circonstances favorables. Or parmi celles-ci des événements douloureux, des épreuves de la vie, des échecs ou au contraire des bonheurs inespérés peuvent réveiller et bousculer, convertir des vies qui ronronnaient en pilote automatique. Autant d'occasions pour reprendre en mains leur conduite, avec la confiance et l'appui… des autres et de Dieu lui-même !...