Gaudete et Exsultate

Le pape François exhorte à la sainteté dans le monde actuel. "La sainteté, c'est la rencontre de notre faiblesse avec la force de la grâce"… La sainteté se conjugue dans les conditions de notre vie personnelle, sociale, familiale et ecclésiale. L'on devient saint non pas tant en faisant des choses extraordinaires que dans le quotidien ordinaire, dans nos façons de l'accomplir, animés par la référence à l'Esprit des Béatitudes.

La nature proprement chrétienne de la sainteté est développée dans le troisième chapitre où elle est présentée comme une mise en pratique de chacune des huit béatitudes : être pauvre de cœur, c'est cela la sainteté ; savoir pleurer avec les autres, c'est cela la sainteté ; rechercher la justice avec faim et soif, c'est cela la sainteté ; regarder et agir avec miséricorde, c'est cela la sainteté. Garder le cœur pur de tout ce qui souille l'amour, c'est cela la sainteté ! Semer la paix autour de nous, c'est cela la sainteté ! Accepter chaque jour le chemin de l'Evangile même s'il nous crée des problèmes, c'est cela la sainteté ! Mais le plus grand critère est tiré du chapitre 25 de Matthieu : "J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger"…

Le Pape profite de cette section – n° 100 et suivants -, pour insister sur la défense de "l'innocent qui n'est pas encore né, de ceux qui se débattent dans la misère, subissent l'abandon, le mépris, la traite des personnes, l’euthanasie cachée des malades et des personnes âgées privées d’attention, dans les nouvelles formes d’esclavage". Le chapitre 4 décrit quelques caractéristiques de la sainteté dans le monde actuel : l'endurance qui "supporte les contrariétés, les vicissitudes de la vie, et aussi les agressions de la part des autres, leurs infidélités et leurs défauts". "Le témoignage de sainteté, dans notre monde pressé, changeant et agressif, est fait de patience et de constance dans le bien." (n° 112).

Au n° 113, François cite saint Paul qui "invitait les Romains à ne « rendre à personne le mal pour le mal » (Rm 12, 17), à ne pas vouloir se « faire justice à [eux]-mêmes » (v. 19), et à ne pas se laisser vaincre par le mal, mais à être vainqueurs « du mal par le bien » (v. 21). Cette attitude n’est pas un signe de faiblesse mais de la vraie force, car Dieu lui-même « est lent à la colère, mais grand par sa puissance » (Na 1, 3). La Parole de Dieu nous met en garde : « Aigreur, emportement, colère, clameurs, outrages, tout cela doit être extirpé de chez vous, avec la malice sous toutes ses formes » (Ep 4, 31).

"La vie chrétienne est un combat permanent. Il faut de la force et du courage pour résister aux tentations du diable et annoncer l’Evangile." (n° 158) Le pape François, au n°166, évoque le discernement comme moyen de savoir "si une chose vient de l’Esprit Saint ou si elle a son origine dans l’esprit du monde ou dans l’esprit du diable." "Sans la sagesse du discernement, nous pouvons devenir facilement des marionnettes à la merci des tendances du moment." (n° 167). Et au n° 175, François écrit : "Quand nous scrutons devant Dieu les chemins de la vie, il n’y a pas de domaines qui soient exclus. Sur tous les plans de notre vie, nous pouvons continuer à grandir et offrir quelque chose de plus à Dieu, y compris sur les plans où nous faisons l’expérience des difficultés les plus fortes."

Et le Pape termine ainsi Gaudate et Exsultate, au n° 177 : "J’espère que ces pages seront utiles pour que toute l’Église se consacre à promouvoir le désir de la sainteté."

J'ai souvent entendu des chrétiens renoncer pour eux à l'idéal de sainteté, pensant que cet idéal appelait seulement des êtres d'exception, car lucides sur leurs imperfections et leurs faiblesses. Or le Pape nous dit que c'est dans les lieux et les séquences, les événements ordinaires, que chacun doit viser la sainteté, sans forcer ni surajouter d'autres engagements qui donneraient un caractère exceptionnel à tout caractère de sainteté.